Sa tâche comme
chorégraphe

Une revision historique sur son œuvre à Bordeaux

A la gare du Nord, Paris, en septembre 1979

En 1970, Wladimir Skouratoff est engagé par le Grand- Théâtre de Bordeaux, dont il devient le chorégraphe et maître de ballet pendant la période 1970-1990.

Au moment d’écrire notre site il y a quelques années, nous n’avions pas une information complète sur son activité fébrile pendant toute cette période-là. Nous avons pu obtenir maintenant, un an après son décès en 2013, grâce à la diligence de Monique Simonoff, tous les articles publiés à l’époque par Sud-Ouest, le journal de Bordeaux et sa région, ainsi que quelques autres provenant d’amis et collègues – que nous remercions vivement – et qui constituent le fondement de cette sorte de revue historique de Skouratoff au Grand-Théâtre de Bordeaux.

Ainsi, dans un article signé F.-A.B. et publié à Bordeaux le l4 juillet 1970, on peut lire:

Wladimir Skouratoff, nouveau maître de ballet
Wladimir Skouratoff, le nouveau maître de ballet qui remplace M.Alan Carter, n’est pas un inconnu à Bordeaux. Nous lui sommes même redevables d’un souvenir entre tous radieux : celui d’un ballet d’Hérold, « La fille mal gardée », qu’il dansa en compagnie de Renée Jeanmaire (devenue « Zizi ») vers 1949. Toute la joie de la danse était en eux.

Les années n’ont pas altéré la silhouette nerveuse et racée. Elles ont accusé les traits du visage, mais le regard est toujours aussi intense sous le front haut et bien modelé et l’esprit de la danse l’anime. Français, d’origine russe, Wladimir Skouratoff nous vient de la fresque légendaire représentant l’âge d’or de la danse. Il a figuré à côté des plus grands.

(…) « Ma conception de la danse, nous dit-il, est celle des grands pédagogues qui m’ont formé. La danse est un art où les pieds jouent un grand rôle, mais la tête y joue un rôle encore plus grand, m’ont-ils enseigné. Quant à mes projets, ils sont illustrés par mon premier programme, c’est-à-dire que la danse d’école y figurera avec des chorégraphies d’expression plus moderne. Toutefois, elles seront une suite de formules classiques enrichies par certaines acquisitions, en évitant les outrances ».

Notre ballet, soumis à maintes vicissitudes, a bien besoin d’une personnalité comme celle de Wladimir Skouratoff pour retrouver une âme.(F.-A.B. Bordeaux, 14 juillet 1970)

Le 30 0ctobre 1970, Annie Larraneta écrit dans Sud-Ouest :

Maître de ballet, Wladimir Skouratoff a fait la chorégraphie de « Daphnis et Chlöe » de Ravel : « La partition est si belle, dit-il, et les danseurs si attentifs…Ravel l’a d’ailleurs écrite pour le ballet et nous avons à Bordeaux une très grand orchestre ».

(…) « Je n’ai qu’un projet immédiat, dit-il en souriant, la réussite de notre gala. Je compte beaucoup sur nos très bons danseurs pour y parvenir. »


Wladimir Skouratoff :
« La danse c’est une victoire sur soi-même »

« La Symphonie en ut » de Bizet, c’est un ballet académique sans histoires, et la chorégraphie est très classique. Le premier mouvement est en tutu court ; le second, un pas de deux ; le troisième, très vif, et le final tout en couleurs ».

Wladimir Skouratoff, maître de ballet, a travaillé avec Henry Delannoy pour la conception des costumes : « Je m’entends très bien avec le décorateur ». La diversité des costumes, courts et longs, traduira l’alternance des mouvements enlevés ou plus lents.

Les « Danses polovtsiennes » du « Prince Igor » clôtureront le gala de samedi, après
« Roméo et Juliette »
et le « Pas de deux » de Verdi.

Wladimir Skouratoff reconnait que Serge Lifar, auteur de la chorégraphie de « Roméo et Juliette », a « marqué le néo-classicisme de sa personnalité. Il a fait des ballets un peu abandonnés que les danseurs n’interprètent pas toujours fidèlement. »

« La chorégraphie du « Prince Igor »,d’après Fokine, est très bien faite. C’est un ballet de caractère et on ne peut changer que quelques détails. »

Le maître de ballet a eu quelques difficultés à le régler. « C’est un langage spécial, c’est une question de tempérament et tous les danseurs ne l’ont pas. Mais je suis très satisfait du corps de ballet. Si l’entraînement classique est indispensable, il est regrettable que l’on ne donne pas de cours de danse de caractère et de danse moderne. La véritable formation artistique, en fait, vient de soi-même. Il faut, notamment, une solide formation musicale ».

Wladimir Skouratoff tente d’ailleurs de transmettre pendant ses cours la synthèse des différentes méthodes transmises par tous les professeurs qu’il a eus. « Aujourd’hui, dit-il, on demande plus de force, d’énergie, de rapidité ; bref, de vitalité qu’autrefois. Il est pourtant difficile à certains moments de trouver en soi le courage de danser à dix heures du matin ».

Pour cet ancien danseur des ballets du marquis de Cuevas, la danse « ce n’est pas d’avoir un beau costume et une bonne critique, mais de remporter une victoire physique et spirituelle sur soi-même. On peut se dépasser par la danse, car cet art est avant tout un état d’esprit…Quand je n’ai plus eu la même force physique nécessaire, il faut le reconnaître, pour exprimer les sentiments, je me suis arreté. Et cela sans amertume. On devient raisonnable avec l’âge. On devient philosophe ». (A.L., Sud-Ouest, 31 décembre 1970)


1971

Dans un article du 3 avril 1971, Dinnah Maggie écrivait dans Combat :

« (…) Gérard Boireau a choisi pour chorégraphe-maître de ballet Wladimir Skouratoff transfuge de l’Opéra de Strasbourg où il occupait le poste équivalent. Sa grande réputation de danseur n’a jamais émoussé la modestie et la simplicité de Skouratoff. Artiste par dessus tout, il aime la danse avant de s’aimer lui-même ; il le prouve en remontant des ballets d’autres chorégraphes. C’est ainsi que chacune des cinq chorégraphies présentées à son dernier spectacle bordelais était signée d’un nom différent.

« A un « Water music » (Haendel) réglé par Skouratoff dans un style élégant très classique et qui permit d’apprécier d’emblée les progrès de la troupe, succédait le fameux « Pas de trois » de Balanchine interprété sur la musique de Minkus par Cyril Atanasoff, Aline Gendre et Jacqueline Portas(…) « La mort du cygne » (Saint-Saëns) de Fokine par Claire Motte (…) le pas de deux du « Corsaire » version Jules Perrot sur musique de Drigo, dansé par Motte et Atanasoff(…)

« (…)Le grand événement de la soirée fut « Piège de lumière »avec son compositeur Jean-Michel Damase au pupitre et Skouratoff reprenant avec une fougue inchangée le rôle qu’il avait créé il y a presque vingt ans chez le marquis de Cuevas. Certes, les décors de P.Castex et les costumes de Henri Delannoy ne font pas oublier ceux de Félix Labisse et la part de poésie qu’ils apportaient. Mais John Taras eût certainement été heureux de voir comment Skouratoff a rénové son ballet. Puisque des intrigues de l’Opéra ont empêché ,voici plus d’un an, la production de « Piège de lumière »,pourquoi n’inviterait-on pas Wladimir Skouratoff à venir monter le ballet à Paris ? Cela ferait certainement plaisir à de nombreux balletomanes et occuperait utilement les loisirs forcés de nos danseurs nationaux. »

Au Grand-Théâtre
Premier spectacle de ballets de la saison

Le Grand-Théâtre s’est attaché, avec M.Wladimir Skouratoff, un maître de ballet qui a su obtenir d’incontestables résultats.

Le programme proposé hier soir, pouvait satisfaire tous les goûts : ses numéros allaient du classique au très moderne, en passant par le romantique et le moderne.

(…) une impressionnante « Somnambule », construite sur les pages de Bellini. Cette mystérieuse aventure est exprimée sur une chorégraphie de Balanchine, restituée par Wladimir Skouratoff.

(…) Nous tenons à repeter ici la classe, l’élégance, l’intelligence du geste de Wladimir Skouratoff. Son Poète était de grande compagnie.

« Billy the kid » (…) ce dramatique episode de la vie au Far West bénéficiait encore de la présence de Wladimir Skouratoff dans le double rôle de Billy. (J.F., Sud-Ouest, 21 octobre 1971)


Seconde Gala chorégraphique au Grand-Théâtre
le 21 novembre 1971

Wladimir Skouratoff en répétition (photo Sud-Ouest)

Le programme était composé par « Suite en blanc » d’Edouard Lalo, d’après Serge Lifar,
« Pas de trois »
de Minkus, « Piège de lumière » de Damase et « Billy the kid » de Copland, ce dernier sur une chorégraphie originale de Wladimir Skouratoff.

Au Gala chorégraphique au Grand-Théâtre le 23 décembre 1971, on a produit « Le cygne noir », avec les danseurs étoiles de l’Opéra de Paris, Claire Motte et Cyril Atanasoff,
« Namouna » et « La Somnambule », d’après les chorégraphies originales de Petipa, Lifar et Balanchine, reprises par Wladimir Skouratoff.


L’ANNEE 1972

La Gala chorégraphique du 16 janvier 1972, était composée par les reprises de « Les sylphides » (Chopin-Fokine), « Danses polovtsiennes » (Borodin-Fokine) et « Le combat » (Banfield-Dollar) –ce dernier avec la participation de l’étoile Colette Marchand et
« Lezginska », sur lequel le commentaire de Jacques Forlacroix dans Sud-Ouest nous dit : « Lezginska, ballet d’un genre très particulier, dont l’orchestre était un accordéon et un tam-tam. M.Wladimir Skouratoff en était le soliste. Il a montré qu’il était toujours en pleine possession de son art et a affirmé une présence. »


L’OMBRE

Colette Marchand, Pierre Lacour et Michel Ferment dans “L’Ombre” (photo Sud-Ouest)

Dans son article à Sud-Ouest le 24 janvier 1972, sur la création mondiale de « L’Ombre » au Grand Théâtre, Jacques Forlacroix écrit :

(…) Le deuxième rideau se levait sur le ballet « L’Ombre ». Nous pouvons dire sans nous tromper que ce ballet était le plus attendu. Car le livret est d’un personnage bien connu professionnellement, bien au-delà de Bordeaux, Jean-Claude Dutilh, la musique de Michel Fusté-Lambezat, chef d’orchestre au Grand-Théâtre, écrite en hommage à celui qui fut son maître, Darius Milhaud, et la chorégraphie est d’un danseur de grande réputation, Wladimir Skouratoff, maître de ballet au Grand-Théâtre. Les décors étaient de Pierre Castex, les costumes d’Henri Delannoy et le ballet était dansé par le corps de ballet de notre ville et ses étoiles.

(…) et la chorégraphie, dont les trouvailles s’appuient sur la technique des interprètes, est, elle aussi, attachante, par la précision de son expression, par la netteté du geste exigé pour la compréhension du sentiment. Nous pensons que M.Skouratoff a écrit là une fort jolie page dans la recherche chorégraphique.

« L’Ombre », dont la musique et la danse collent au thème, est bien apparue comme le résultat d’un travail d’ensemble entre les auteurs.

(…) Comment ce ballet a-t-il été dansé ? Poser la question serait méconnaître le talent de Colette Marchand, qui donnait à la Mort une plastique bien attirante. Et elle a dansé ce rôle avec les qualités que nous soulignions dans des précédentes apparitions : pureté des pointes, netteté des attitudes, intelligence et expression du geste. Deux excellents danseurs, Michel Ferment et Pierre Lacour, lui donnaient la réplique de danseurs confirmés.

Et nous n’oublions pas, à côté des étoiles, la charmante troupe des danseuses et les danseurs dont la mise au point était indiscutable.

Le public a chaleureusement accueilli cette « Ombre » dont les auteurs et créateurs, bien vivants, ont dû venir sur la scène répondre aux ovations.


MAYERLING

Dans la critique de Florence Mothe du 25 mars 1972 sur la création mondiale de Mayerling, musique de Lucien Mora, chorégraphie de Wladimir Skouratoff, on peut lire :

« (…) Comme on ne saurait concevoir la douloureuse aventure de l’archiduc Rodolphe et de Marie Vetsera, en dehors d’un contexte purement viennois et romantique, Lucien Mora a composé à cette occasion une partition pleine de reminiscences où la famille Strauss apporte son tribut sous la forme de la « Valse du délire », et aussi de mille autres bouffées qui restituent l’atmosphère de la cour de François-Joseph.

(…) Si je reproche à la chorégraphie un certain statisme au premier acte, il me semble que la scène du bal, ainsi que celle du pavillon de chasse, étaient fort bien menées. Ici, c’est Tchaikowsky qui insuflait son « Pathétique » au pas de deux dansé par les amants tragiques, dans un décor évocateur de fôret pleine de sortilèges où parait, au moment suprême, tel le spectre du commandeur, l’image de François-Joseph. »

Mayerling (programme)

 

Mayerling (distribution)

Le 7 avril 1972 le Grand-Théâtre a produit l’opéra « Hérodiade » de Jules Massenet, mise-en-scène de Claude Milon et chorégraphie de Wladimir Skouratoff.

Le 20 octobre 1972, c’est « Aida » de Giuseppe Verdi, mise-en-scène de Gerard Boireau et chorégraphie de Wladimir Skouratoff, sur laquelle Jacques Forlacroix remarque dans sa critique dans Sud-Ouest :

« (…) l’intelligente évolution des artistes, l’utilisation des masses auxquelles se mêlaient la grâce des danseuses de M.Skouratoff, les costumes riches de couleur… »

Les Opéras et Opérettes étant donnés successivement 3 ou 4 fois, c’est la date du premier spectacle qui figure dans ce document.


LA MORT ROUGE

Sud-Ouest le 6 décembre 1972:

(…) « La mort rouge », ballet d’un acte sur un argument de F.A.Boisson, d’après Edgard Allan Poe, musique de Jean Courtioux, s’inspire du thème classique de la mort contre laquelle personne ne peut lutter.

« La mort est une très belle femme », dit Wladimir Skouratoff, « que rencontre le Prince Prospero lors d’une grand fête. En rentrant chez lui, il avait déjà croisé des gens atteints d’un mal mystérieux…Un bouffon cherche à distraire ces curieux danseurs à costumes saupoudrés d’or. Prospero, que j’interprète, danse avec la Mort. Le bouffon sent soudain le danger et, quelques instants plus tard, la belle danseuse se démasque. Alors la peste frappe à nouveau…Avec leur vieil or, les costumes d’Henry Delannoy évoquent les tableaux de Hogarth et Venise apparait au fond, juste esquissée. On a marié l’élégance et l’insolite sur cette musique composée uniquement de percussions ».

Le maître de ballet sera entouré d’Aline Gendre (la Mort), Jean Marie Evin (le bouffon) et de toute la compagnie.

« La mort rouge », ballet de W.Skouratoff, musique de J.Courtioux, costumes d’Henri Delannoy

La critique de Florence Mothe dans Sud-Ouest du 9 décembre 1972 raconte :
« (…) Jean Courtioux a reçu deux inspirations bien voisines dans leur dissemblances pour les ballets dont il nous offre le primeur.Le soleil rouge de la veste illumine l’aventure étrange du Prince Prospero, auquel F.A.Boisson (pour le livret) et Wladimir Skouratoff (pour la chorégraphie) ont insufflé une intense dramaturgie. D’où cette pulsation haletante et cet essufflement perpétuel rendu par tout l’arsenal percutant que les compositeurs ont désormais à leur disposition. »

Les costumes d’Henry Delannoy pour Prospero (Wladimir Skouratoff), la Mort rouge (Aline Gendre)
et le bouffon (Jean Marie Evin)

 

Aline Gendre et Pierre Lacour dans “La mort rouge” (photo H.Delannoy)

Le 16 décembre 1972 le Grand-Théâtre produit l’opéra « Les noces de Figaro » de Mozart, mise-en-scène de Gerard Boireau et chorégraphie de Wladimir Skouratoff. Et le 25 décembre 1972, « Les saltimbanques », opéra-comique de Maurice Ordennau, musique de Louis Ganne, mise-en-scène de Gerard Boireau et Claude Milon, direction musicale de Fusté-Lambezat, dont la chorégraphie est signée par Wladimir Skouratoff.


L’ANNEE 1973

Le 11 janvier 1973, Annie Larraneta annonce dans Sud-Ouest la production au Grand-Théâtre d’un programme composé par « L’heure espagnole » et « Boléro » de Ravel et « Les Forains » de Sauguet.

« C’est superbe », dit le maître de ballet. « Il est rare qu’on puisse en dire autant des compositions contemporaines… « Les Forains » sont le chef d’œuvre d’Henri Sauguet. Cela a marqué une époque dans l’histoire du ballet français ». Il l’a lui-même dansé au Ballet des Champs-Elysées.

Pour « le Boléro », Gerard Boireau a pensé que l’on pouvait inclure des éléments modernes dans les décors et Wladimir Skouratoff a signé une nouvelle chorégraphie qui le fera danser avec Maryse Dumas et Pierre Lacour autour d’une table. « Je lui ai donné, bien sûr, un rythme espagnol qui conduira les danseurs à un paroxysme quand la masse orchestrale se déchaine, juste à la fin. Il y aura alors trente deux personnes sur scène…Ravel avait une remarquable intelligence de l’orchestration, c’est sans doute pour cela que l’on ne se lasse jamais d’écouter ce que j’ose appeler cette « rengaine ». L’histoire est celle de deux amants et d’une femme, celle de l’amour et de la mort. »

Dans sa critique du 13 janvier 1973 (S.O.), Florence Mothe écrit :

(…)« Si « l’Heure espagnole » réconcilie Ravel avec lui-même, à travers la Suisse maternelle et l’Espagne révée, il n’en est pas de même du « Boléro » qui continue, plus d’un demi-siècle après sa création, à faire courir les foules du monde entier.

Sur ce thème obsédant, Wladimir Skouratoff a élaboré une chorégraphie précise, rigoriste, mais d’une sobrieté et d’une efficacité rarement atteintes. On penètre dans un univers intérieur riche en contrastes, où des danseuses, comme les infantes raidies de Vélasquez, composent une suite de noir et de blanc, d’argent comme les neiges de l’hiver, d’or pâle comme le soleil de l’enfer, qui semble gravé par les sombres traits de Goya.

Maryse Dumas (plus particulièrement remarquable), Pierre Lacour et Wladimir Skouratoff créent le trio éternel mais incessamment renouvelé, et l’on s’émerveille doublement de la banalité du livret et de la technique qui a présidé à l’application de son intelligente virtuosité.»

Skouratoff dans “Boléro” en 1973

Le 9 mars1973, la production au Grand-Théâtre de l’opérette « Viva Napoli » de Francis Lopez est annoncée, avec la chorégraphie de Wladimir Skouratoff.

Le 14 avril, le Grand-Théâtre produit l’opérette « Joli tambour », de Pascal Bastia, dont la chorégraphie est signée par Wladimir Skouratoff.

Dans l’article écrit par Annie Larraneta le 17 mai 1973 (S.O.), « XXIV Mai Musical- « Vingt ans de ballet – Diaghilev en coulisses » on lit :

« Le programme n’en dit rien, mais c’est un hommage à Serge de Diaghilev que le Grand-Théâtre présentait hier soir, avec « Vingt ans de ballets 1909-1929 ». Même si un demi-siècle nous sépare de la création des ballets russes on ne peut pas oublier celui qui, selon Cocteau, a apporté « avec une âme de sorcier une boîte magique…et le rideau rouge s’est lévé sur les fêtes qui ont bouleversé la France ».

Aujourd’hui, « Les Sylphides » ne nous réservent aucune surprise. (…)Yvette Chauviré et Patrice Bart (…) ont trouvé le style qui a tant marqué l’évolution du ballet dans les premières années du XXe. Siècle. Vingt ans après « Les Sylphides », Balanchine créait « le Fils prodigue ». Le ballet en trois tableaux qui nous a été présenté hier soir est une œuvre totalement nouvelle.

Wladimir Skouratoff a rompu avec l’académisme pour mieux suivre la très belle musique de Prokofiev, puissante et sauvage. Sa chorégraphie est vive, rapide, précise et tout s’enchaîne sans que le spectateur puisse reprendre son souffle. C’est un déchainement qui ne s’apaise qu’avec la chute du rideau.

(…) Mais c’est le dernier ballet « Petrouchka » qui nous a paru le plus réussi tant sur le plan scénique que sur le plan de l’interprétation. Bien qu’antérieur au « Fils prodigue », il est étonnament moderne. Wladimir Skouratoff, il est vrai, a modifié la chorégraphie de Fokine et réglé des mouvements d’ensemble d’une vie dense et chaleureuse. Il est lui-même un Maure très acrobate. Yvette Chauviré a pour la ballerine les gestes brisés des automates et elle s’est composé un visage étonné, l’oeil fixe et grand ouvert. C’est aussi une comedienne. Patrice Bart (Petrouchka) connaît aussi le mime. C’est une poupée de chiffon lunaire et attendrissante.

(…) Dès le début du spectacle le ton avait été donné avec la présentation pour la première fois dans un théâtre, du rideau de scène dessiné par Picasso pour le ballet « Parade ». Hier soir l’enchantement devançait les trois coups.

Maquette d’Henri Delannoy pour « Le fils prodigue »

 

Dessins d’Henri Delannoy pour « Le fils prodigue »

 

Dessins d’Henri Delannoy pour « Le fils prodigue »

Le 20 mai 1973, on annonce, dans le cadre du XXIVème Mai Musical de Bordeaux, une soirée de ballet au Grand-Théâtre où la Compagnie de Ballets présente « Le chant de la Morava », ballet en deux actes et onze tableaux, de Jean-Claude Dutilh, musique de Anton Dvorak, décors de Pierre Castex, costumes d’Henri Delannoy, et chorégraphie de Wladimir Skouratoff, avec Jacqueline Portas, Pierre Lacour, André Mediavilla, Maryse Dumas, Aline Gendre et la participation de Wladimir Skouratoff lui-même.

Les costumes d’Henri Delannoy pour « Le chant de la Morava »

Un hommage à Jules Massenet est produit le 24 juin 1973 à un Gala des Amis du Grand-Théâtre, où on présente « Portrait de Manon » chanté et dansé sur des œuvres diverses de ce compositeur, les scènes de danse étant réglées par Wladimir Skouratoff.

Dans son article du 3 octobre 1973 (S.O.), Annie Larraneta écrit :

(…) « La danse, dit Wladimir, nous a appris l’humilité. Il faut penser à l’œuvre. Toujours. (…) Toute ma vie, conte le Maître de ballet, j’ai cherché sans arrêt, à faire des ballets différents, à m’exprimer dans des styles et des langages divers. »

Cet oubli de soi, Wladimir Skouratoff le doit sans doute à ses origines russes. « Quand on appartient à une famille d’émigrés, on sait ce qu’est la difficulté, on doit lutter dès les premières années. C’est sans doute une rude école. Mais une bonne école aussi. » Wladimir voulait être pianiste. On ne lui en a pas laissé le temps. « Je n’ai pas de regret, je vis toute la journée dans la musique. Avec une technique prodigieuse, c’est très bien, mais sans sensibilité…Moi je fais toujours attention au choix de la pianiste pour les cours ».

(…) « Coppelia » le célèbre ballet de Leo Delibes permettra au public de renouer avec la compagnie de ballet. « Je crois, dit Wladimir, qu’une œuvre classique est tout indiquée pour un début de saison. C’est un retour aux sources. Pour un danseur c’est une occasion de voir où il en est. Un ballet classique, il faut le dire, c’est difficile. Aucune tricherie n’est possible ».

On y verra pour la première fois à Bordeaux une remarquable danseuse japonaise étoile du Ballet de Tokyo, Mishika Masuda. « C’est Claire Motte qui me l’a indiquée. Nous pourrons la faire venir assez longtemps à l’avance pour qu’elle puisse s’intégrer à la troupe ». A ses côtés on reconnaîtra Georges Piletta.

Début janvier Wladimir Skouratoff fera une chorégraphie pour « Trois contes russes » sur la Symphonie Classique de Prokofiev, « L’oiseau de feu » de Stravinsky et « Mascarade » de Katchaturian. « Ce sera aussi une grande soirée musicale… »

Et les ballets modernes ? « Nous en verrons sans doute. Des projets sont à l’étude. Nous en reparlerons bientôt. »

Les maîtres de ballet sont très discrets. Encore une qualité.

Pour les Fêtes de fin d’année 1973, le Grand-Théâtre annonce la production de l’opérette
« Méditerranée » de Francis Lopez, mise-en-scène de Pierre Pierrick et chorégraphie de Wladimir Skouratoff.


L’ANNEE 1974

ROMEO ET JULIETTE

Dans sa critique du 14 janvier 1974 (S.O.), Michèle Pernety écrit :

Aux Entrepôts Lainé – Une merveilleuse Juliette dans le ballet de Prokofiev
« (…) Une merveilleuse Juliette nommée Wilfride Piollet a ébloui son monde. Elle danse bien au-delà des limites d’une technique irréprochable. Elle va jusqu’au bout de la grâce, avec des gestes d’une infinie délicatesse, d’une finesse poétique et d’une douce sobriété qui rendent son interprétation extraordinairement intelligente et légère.

(…) Une chorégraphie dans l’ensemble somptueuse, réglée par Wladimir Skouratoff… »

Wilfride Piollet (Juliette) (photo Michel Lidvac)

 

Les costumes d’Henri Delannoy pour « Roméo et Juliette »

Dans la critique de Florence Mothe (Sud-Ouest le 20 mai 1974), sur le spectacle présenté dans le cadre du XXVème Mai Musical de Bordeaux, on peut lire :

« (…) Enfin, bien sûr, c’est la danse qui, sous les traits charmants de Wilfride Piollet et Georges Piletta, venait nous dire adieu. Prokofiev avait fourni pour l’occasion l’étincelante partition de « Roméo et Juliette », Wladimir Skouratoff avait composé la chorégraphie la plus émouvante qui se puisse imaginer. Cortèges de bal, tendres pas de deux, mouvements d’ensemble admirables, la scène était à Vérone, dans l’atmosphère grandiose et fatale de la Renaissance italienne.

Les murs de l’entrepôt évoquaient quelque infranchissable tanière, ses voûtes renfermaient quelque intrahissable secret…

Et dans ce foisonnement d’images se succédaient d’excitantes batailles où brillaient sous les traits de Mercutio et de Tybalt, Pierre Lacour et André Mediavilla. Puis, comme une caresse, revenait l’appel ensorcelant de Prokofiev. Alors, il sautait merveilleusement, et elle formait pour lui de voluptueuses arabesques, avec une sorte de pureté éblouie…Lui, Georges Piletta, elle, Wilfride Piollet, lui Roméo, elle Juliette…Auxquels la Compagnie de ballet du Grand-Théâtre offrait un somptueux écrin. »

Le 1er.février 1974, le Grand-Théâtre produit l’opérette « No, no, Nanette », mise-en-scène d’Edgar Duvivier, chorégraphie de Wladimir Skouratoff.

Les 2 et 3 mars 1974, lors d’un Hommage à Roger-Ducasse, est présenté « Orphée », un spectacle sur des thèmes de ce compositeur, dont la chorégraphie est signée par Wladimir Skouratoff.

Le 15 mars 1974, c’est l’opérette « La veuve joyeuse » de Franz Léhar, mise-en-scène de Claude Milon et chorégraphie de Wladimir Skouratoff qui est à l’affiche.

Le 14 avril 1974 le Grand-Théâtre présente « Le chant du désert » de Sigmund Romberg, mise-en-scène de Claude Milon, choregraphié par Wladimir Skouratoff.

Florence Mothe écrit le 14 juin 1974 (S.O.) à propos du spectacle de ballet du 12 au Grand-Théatre : ce qui frappe chez (Claude) Bessy et (Georges) Piletta c’est une vision plus haute de la danse, qui ne s’arrête pas aux gestes ni aux figures, mais qui récapitule comme un cortège de magiques légendes. Le grand pas de deux du « Corsaire » leur permet de mettre en valeur une souveraine plasticité.

(…) Cette faculté qu’a la danse à rendre aux grandes personnes une âme d’enfant est exploitée par Wladimir Skouratoff.

La « Première Symphonie » de Bizet leur dicte de vastes effets et de charmantes géométries.

Stage international d’été au Lycée du Grand-Air à Arcachon.
Le cours classique de Wladimir Skouratoff (Photo Neveu, Sud-Ouest, 23 juillet 1974)

Dans l’article publié à Sud-Ouest le 3 octobre 1974, on annonce :

CENDRILLON – Un conte étoilé

C’est avec « Cendrillon », ballet en trois actes de Serge Prokofiev, que va s’ouvrir cette année la saison de ballets au Grand-Théâtre.

Cette œuvre a inspiré à Wladimir Skouratoff une chorégraphie intéressante.

A l’affiche deux grandes vedettes : Liliana Cosi, danseuse étoile de la Scala de Milan, et Marinel Stefanescu, danseur étoile des Ballets roumains.

(…) A leurs côtés nous verrons André Mediavilla, Jacqueline Portas, Aline Gendre, Maryse Dumas, Evelyne Mangeard et la Compagnie du ballet du Grand-Théâtre.

(…) Tant pour l’argument que par la musique, « Cendrillon » est un ballet traditionnel. Mais la tradition chez Prokofiev est constamment soumise à la forte personnalité du compositeur.

“Cendrillon” 1974 (programme)

« Les mousquetaires au couvent », une opérette très populaire de Louis Varney, mise-en-scène de Pierre Pierrick, chorégraphie de Wladimir Skouratoff, est annoncée pour le 19 octobre 1974 au Grand-Théâtre.

Florence Mothe écrit dans Sud-Ouest le 14 décembre 1974 :

Pour violoncelle, saxophone, voix mixte, percussion, orgue et piano à quatre mains, Michel Fusté-Lambezat avait composé en mai dernier une très belle œuvre sur un livret de Jean-Claude Dutilh : « La cathédrale du silence »

Une chorégraphie de Wladimir Skouratoff avait donné vie à ce ballet qui sera présenté une seconde fois par ses auteurs samedi à 21 heures, au Grand-Théâtre.

Wladimir Skouratoff lui a adjoint pour ce programme deux ballets de Jean Courtioux sur des arguments de François Boisson : « La mort rouge » et « Lost illusions ».

Ces trois œuvres, outre leur intérêt musical, permettront de démontrer que la compagnie de ballet du G.T.B., bien qu’elle soit dirigée par l’un des plus célèbres danseurs classiques de son époque, peut se permettre d’aborder de plain pied la chorégraphie contemporaine.

On se souvient que Wladimir Skouratoff est son propre interprète dans « La mort rouge », alors que Pierre Lacour et André Mediavilla dialoguent avec l’orchestre, sur scène, dans les « Illusions perdues ».

“La cathédrale du silence” (programme)

Dans la critique sur le spectacle du 14 décembre 1974, Florence Mothe écrit :

(…) C’est par contre aux confins du rêve et de la légende que « La mort rouge » nous entraîne. Sous les traits d’Aline Gendre, elle vient donner à Prospero (Wladimir Skouratoff) une ultime et luxueuse fête. Des représentations du XVIème siècle, François Boisson a tiré des effets de clair-obscur. Et pendant que l’on retrouve le Skouratoff des grandes années dans toute sa magnificence – technique rapide, nerveuse, grâce aristocratique et inquiète – la musique de Jean Courtioux dit à la nuit : « Sois plus longue ». Et l’aurore vient dissiper la nuit.

(…) Dans l’atmosphère éthérée, où évoluent des figures mythiques, désincarnées, sublimées, se situe « La cathédrale du silence » de Jean-Claude Dutilh.

(…) A l’inverse de l’entrepôt Lainé, où cette œuvre fut crée, les solistes et les chanteurs qui méritent une mention toute spéciale, sont installés dans la fosse. La partition prend aussi une couleur toute différente qui pousse Jacqueline Portas vers une sorte d’expressionnisme mélodique qui s’allie fort bien aux exigences d’une chorégraphie qui use, dans des perspectives traditionnelles, d’un espace recrée par le seul jeu des corps proposés dans des costumes de la plus extrème simplicité.

Un entretien avec Wladimir Skouratoff dans la revue « En scène »
sur l’ensemble de la saison 1973-1974 :
-La saison de ballet a débuté cette année avec « Coppélia ». Pour quelles raisons ?
W.S. :- «Coppélia » est pour moi le type même du ballet que tout le monde connait. Il fait partie du répertoire au même titre que « Giselle » ou « Lac des cygnes ». J’ai pensé qu’il serait bon de donner « Coppélia » pour attirer les balletomanes, amateurs de grands ballets classiques.

-Les deux principaux rôles étaient tenus par Georges Piletta et Mishiko Masuda ?
W.S. :- Oui, j’ai choisi Piletta parce que je trouve que c’est un des meilleurs danseurs de l’Opéra. De plus, il possède toutes les qualités nécessaires pour le rôle de Franz : sa jeunesse, sa fougue, son physique, sans oublier sa technique fantastique. Quant à Mishiko, cela s’est fait un peu par hasard. Je cherchais une danseuse de l’Opéra, mais aucune n’était libre. C’est mon amie Claire Motte qui m’a indiquée Mishiko, que je ne connaissais pas. L’idée de travailler avec la première danseuse étoile de l’Opéra de Tokyo me parut originale, et j’ai aussi pensé que physiquement, elle conviendrait parfaitement au personnage de la poupée. Donc, c’était d’accord, et ella interpréta le rôle de Swanilda. Et je pense que le corps de ballet, tout comme moi, a été fasciné par sa pureté de ligne, de discrétion, sa courtoisie japonaise, sa gentillesse et ses qualités de danseuse.

-En Janvier, vous deviez monter « Trois contes russes » ?
W.S. :- Oui, je voulais donner « Trois contes russes » dans le cadre du G.T.B. mais à la même époque il y aura « Tristan et Isolde », qui est une œuvre très importante et qui nécéssite un grand nombre de répétitions, et la scène sera constamment prise. Donc, il s’est avéré impossible de monter ce spectacle au G.T.B. car je désirais, moi aussi répéter sur scène. C’est ainsi que M.Boireau m’a suggéré d’aller voir les Entrepôts Lainé, où J.-L.Barrault s’était produit pendant « Octobre à Bordeaux ». J’ai été ébloui par le cadre, mais il ne convenait pas du tout pour « Les Contes russes » à l’aspect folklorique et pictural. En revanche, un spectacle « Renaissance » convenait à merveille, et avec M.Boireau nous avons opté pour « Roméo et Juliette ». Je précise que la musique est de Prokofiev et que c’est un ballet qui occupe toute la soirée. Nous avons décidé de faire une mise-en-scène spectaculaire. Ainsi, il y aura de vrais escrimeurs qui se mêleront aux danseurs. Nous allons construire trois scènes où se déroulera tout le drame de façon à avoir une vision quasi cinématographique, avec une perspective incroyable. Notre regard sera transporté d’un endroit à un autre de la scène, selon qu’il s’agit de la rue, du balcon, du sépulcre…J’ajouterai que les chorégraphies seront réalisées par Maria Santestevan et moi-même, selon nos propres inspirations.

-Je crois que vous avez l’intention de retourner aux Entrepôts Lainé en Février ?
W.S. :- En effet, je vais monter un spectacle en hommage à Tchaikowski, qui a tant fait pour l’art chorégraphique. Ce n’est que lui rendre justice, je pense. Nous allons donner la
« Symphonie Ukrainienne »
, « Manfred » et « Francesca de Rimini ».C’est un jeune du Cercle d’Etudes Lyriques, fervent de Tchaikowski, qui nous a proposé ces trois œuvres, pratiquement inconnues en France.

-J’ai entendu dire que la « Symphonie Ukrainienne » donnerait lieu a un ballet moderne.
W.S. :- En effet, si vous voulez, dans le sens où il n’y aura pas les décors ni les costumes auxquels on est habitué dans « Le lac » ou dans « La belle au bois dormant ». Pour ce spectacle, le cadre des Entrepôts Lainé conviendra très bien.

-Cela fait trois spectacles donnés hors du cadre habituel. Mais au G.T.B. ?
W.S. :- En mars, nous affichons « Orphée ». C’est un mimodrame sur la musique de Roger Ducasse. C’est à l’occasion du 20º anniversaire de la mort du compositeur disciple de Fauré, de Saint-Saëns et de Debussy, que nous présentons ce spectacle… « Orphée » est un drame lyrique où le ballet occupe une place primordiale ; cependant, il faut noter la présence d’artistes du chant. Ce ballet en trois actes relate l’histoire du musicien Orphée, selon la légende de l’antiquité, et dont les thèmes essentiels sont la fatalité, la joie, l’angoisse et l’espoir.

-Envisagez-vous des reprises ?
W.S. :- Nous allons vraisemblablement redonner (dans une autre salle que celle du G.T.B.) « La mort rouge » et « Lost illusions », dont la chorégraphie est de Maria Santestevan.

-A propos de reprise, quels sont les moyens pour un chorégraphe, de noter sa chorégraphie ?
W.S. :- J’ai personnellement essayé d’écrire, mais cela n’a rien donné. Le meilleur moyen, et en tout cas le plus efficace, serait de pouvoir filmer le ballet, ce qui n’est pas possible, bien entendu. Si j’ai retenu les chorégraphies de Lifar, c’est parce que nous dansions tous les jours et qu’ainsi nous n’avions pas le temps d’oublier.


L’ANNEE 1975

Le spectacle donné par la compagnie de ballet du Grand-Théâtre le 3 janvier 1975, était composé par « Piège de lumière », sur lequel Florence Mothe écrit dans Sud-Ouest :

Une féerie équatoriale, où le vegetal et l’animal célebrent de farouches épousailles, tel est le thème de « Piège de lumière » de Jean-Michel Damase. Insectes étranges et papillons exquis surgissent de l’ombre complice et tourbillonent autour de fleurs inaccesibles.Soudain, un bagnard évadé sort de l’ombre. Entre l’homme et la fôret s’établissent de tendres et robustes accords, qui puisent dans la musique de Damase je ne sais quelle sauvage poésie. Wladimir Skouratoff incarna, autrefois, un des condamnés pris au piège de cette fresque mouvante. Ayant repris la chorégraphie de Taras, il insuffle à sa troupe l’inspiration nécessaire à la mise-en-scène de cette sylvestre aventure.

Florence Mothe écrit sur le spectacle du 3 avril 1975 au Grand-Théâtre :

(…) Wladimir Skouratoff avait composé une variation nouvelle sur le thème de « Don Juan ». Duel et sérenade éclairent ce ballet où l’on découvre un fantastique danseur, Christian Taulelle, séduisant et gracile, vigoureux et véloce, et qui possède, en plus, une véritable personnalité.

Le 9 mars 1975 on lit dans Sud-Ouest :

Mariage Bordeaux-Toulouse pour Eugène Oneguine
Que sait-on d’Eugène Oneguine ? Qu’on y lit une lettre et qu’on y danse la polonaise.
Et si une Bordelaise confondait, vendredi matin, au guichet du Grand-Théâtre, le pianiste Eugène Istomin et l’opéra de Tchaikovski, c’est une raison supplémentaire pour approuver la réalisation de cette seconde production (après le superbe « Turandot » du GTB et du Capitole de Toulouse).

Sacha Pitoieff, Georges Whakevitch et Wladimir Skouratoff ont retrouvé leur âme d’enfant pour peindre la Russie eternelle, lyrique, violente et démesurée.

(…) Et puis, il y a la musique de Tchaikovski, tragique, vibrante et désespérée. Une musique qui frôle, caresse, gifle ; bref, ne laisse pas insensible.

12 avril 1975, l’opérette « Mam’zelle Nitouche » de Meilhac et Millaud, version nouvelle et mise-en-scène de Roland Léonar, choregraphie de Wladimir Skouratoff, est annoncée au Grand-Théâtre.


Primera Gala de danza de la temporada 1975-76
en el Grand-Théâtre

(…) Parmi les œuvres proposées, on note d’abord « Oiseau de feu » offert dans sa version intégrale. Michel Fusté-Lambezat aura la charge de diriger le grand orchestre voulu par Stravinski.

La chorégraphie de Wladimir Skouratoff, qui connait merveilleusement ce ballet pour l’avoir dansé souvent (en particulier à la Scala de Milan aux côtés d’Yvette Chauviré et sous la direction chorégraphique de Margharita Wallmann), pour l’avoir réalisé aussi, cherche une approche plus contemporaine d’une vision orientale et féerique – donc moins slave dans l’esprit – plus pure, plus linéaire, mais sans exclure le lyrisme éxalté, la violence de l’amour et l’aspect très dramatique de ce jardin perpetuellement enchanté et enchanteur par la grâce des éclairages et des décors. Ces derniers sont dûs à Pierre Castex, cependant qu’ Henri Delannoy signe les costumes.

Selon Wladimir Skouratoff, Francesca Zumbo « est l’oiseau ; elle possède le physique délicat du personnage, animé du feu plus intérieur qu’extérieur ». Taulelle sera son partenaire.
(Sud-Ouest, 23 septembre 1975)

Skouratoff répétant « L’oiseau de feu » avec Mangeard et Pardina
(photo H.Delannoy)

« La fille du tambour-major », opérette de Jacques Offenbach, mise-en-scène de Claude Milon, chorégraphie de Wladimir Skouratoff, est annoncée pour le 6 novembre 1975 au Grand-Théâtre.


L’ANNEE 1976

“Giselle” et “Bal des cadets” (programme)

 

Skouratoff et le corps de ballet dans « Bal des cadets » (photo V.Olivar)

Dans sa critique du 31 janvier 1976, Jacques de Rancourt écrit :

Un grand spectacle de ballets
(…) Un nouveau triomphe sanctionna les représentations de samedi et de dimanche. (…) jolis décors de Pierre Castex, costumes d’Henry Delannoy, appel à des étoiles qualifiées. Mais c’est à nos remarquables maîtres de ballet, Wladimir Skouratoff et Maria Santestevan, qu’on doit surtout le succès. Ces deux artistes ont admirablement reconstitué « Giselle » et « Le bal des cadets ». Ils ont surtout obtenu des ensembles une discipline qui fait du ballet de Bordeaux l’un des meilleurs grands ballets classiques d’Europe. Dieu veuille qu’on sache en profiter.

(…) Une fois de plus, je fus ébloui par cet admirable « Giselle » qui, cent trente cinq ans après sa création, garde la fraîcheur des chefs-d’œuvre.

(…) « Le bal des cadets » est un charmant ballet (hors-d’œuvre ou dessert) qui semble avoir beaucoup gagné en passant par les mains de Mme Santestevan et de M.Skouratoff.

(…) dans le rôle du général, M.Skouratoff faisait montre de la merveilleuse présence qui fit sa réputation.

Annie Larraneta écrit le 8 avril 1976 dans Sud-Ouest :

« La belle au bois dormant » - Avant la féerie
C’est à un grand gala de danse que nous convie samedi et dimanche le Grand-Théâtre.
« La belle au bois dormant » a, on le sait, toutes les qualités du vrai ballet et l’affiche qui nous est proposée est très prometteuse.

Parlons d’abord du ballet. Ou plutôt laissons s’exprimer Wladimir Skouratoff , qui a fait la chorégraphie : « La musique de Tchaikovski est belle et cet ouvrage est un authentique ballet-spectacle avec une féerie et un côté fantastique qui touchent au merveilleux, sans compter le côté académique qui permettra à chaque danseur de montrer ce qu’il peut faire ».

« Le plus difficile à régler est la mise-en-scène, c'est-à-dire quand la danse s’arrête, mais quand le jeu continue, il faut tout mettre au point, on ne peut pas improviser. Les danseurs ne doivent pas décrocher quand ils ne bougent plus. Il faut rester intense pour rendre toute l’élégance du ballet de cette époque ».

“La belle au bois dormant” (programme)

Le 17 mai 1976, Florence Mothe écrit au Sud-Ouest :

(…) Cette soirée comportait également la création du dernier ballet de Jean-Michel Damase
« Othello », dont la chorégraphie est signée Wladimir Skouratoff et Maria Santestevan.

De l’immense figure fatale du Maure de Venise, Ion Tugearu traduisit davantage la rage que la passion dévorante et tragique. Le meilleur moment de l’œuvre reste, à mon sens, le pas de deux réunissant Cassio et Desdémone, incarnée avec beaucoup de fraîcheur par Diana Cawley.

Pour la Biennale de l’opérette du 4 juin au 11 juillet 1976, le Grand-Théâtre annonce les œuvres « La vie parisienne » d’Offenbach ; « La chauve-souris » de Strauss ; «Boccace » de von Suppé ; « Veronique » de Messager, et « La veuve joyeuse » de Léhar, avec des chorégraphies de Wladimir Skouratoff.

Sur « Boccace », mise-en-scène de Claude Milon, Florence Mothe écrit le 26 juin 1976 (S.O.) :

(…) Tout le spectacle est rythmé par les ballets de Wladimir Skouratoff, qui enluminent l’action comme autant de vignettes gravées sur un livre ancien.

L’opérette « Vienne chante et danse » (Ledru-Strauss) est annoncée par le G.T.B. pour le 29 septembre 1976.

Le 19 octobre 1976 on annonce dans Sud-Ouest:

LA GIOCONDA – Un romantisme oublié
(…) « La Gioconda » (l’opéra de Ponchielli), comporte un célèbre ballet, « La danse des heures », pour lequel Wladimir Skouratoff a fait une chorégraphie destinée à Pierre Lacour, Jacqueline Portas, Maryse Dumas, Aline Gendre et Evelyne Mangeard.


L’ANNEE 1977

11 février 1977 : annonce dans Sud-Ouest de l’opéra « Aida » de Verdi, mise-en-scène de Gérard Boireau, choregraphie de Wladimir Skouratoff.

Pour le 27 mars 1977, le Grand-Théâtre annonce un spectacle de ballet composé par
« Serenade » de Tchaikowski, « Chout » de Prokofiev, pas de deux de « La belle au bois dormant » de Tchaikowski, « Les danses polovtsiennes » du Prince Igor de Borodin, ainsi que le deuxième acte du « Lac des cygnes » de Tchaikowski.

Ghislaine Thesmar, Jean-Pierre Franchetti et Attilio Labis, danseurs étoiles de l’Opéra de Paris en étaient les artistes invités.
(*) (ce spectacle avait été donné en novembre 1976 à Toulouse, avec la même distribution)

A propos de « Chout », Florence Mothe écrit :

(…) Bordeaux marquait un point essentiel avec le ballet imaginé par Wladimir Skouratoff sur la musique de Prokofiev.

« Chout » c’est une histoire pleine d’humour et de fantasie, où se conjuguent, dans d’admirables costumes d’Henri Delannoy, la grâce et la frivolité, la vie et la tendresse. Pierre Lacour incarnait le bouffon travesti, avec une extraordinaire maestria. (…) Evelyne Mangeard, toute gracile et toute douce, campaît une adorable bouffone.

Evelyne Mangeard et la compagnie de ballet du GTB dans « Chout » de Prokofiev,
chorégraphie de Wladimir Skouratoff (photo H.Delannoy)

 

Dessin d’Henri Delannoy pour la Femme de « Chout »

Dans un article publié par Sud-Ouest le 3 octobre 1977, on peut lire :

(…) si Wladimir Skouratoff a soigneusement choisi tous ses invités, il a aussi composé un programme varié, éclectique, offrant à chacun le meilleur moyen d’exprimer sa virtuosité et sa technique.

Dans cet esprit et pour présenter sa compagnie de ballet du GTB avec tous ses solistes, il propose Enigma, d’un compositeur anglais trop peu connu en France, Edward Elgar. Il s’agit là de douze variations, très différentes, qui se concluent par une marche solennelle. C’est bien sûr un ballet très academique. Aubade de Francis Poulenc, (avec Jean Guizerix et Aline Gendre) le Pas de deux de Tchaikowski et celui du Corsaire de Drigo (avec Patrice Bart), ainsi que le fameux Bal des cadets de Strauss (qui recèle tout le charme viennois vu et ressenti par les Ballets russes), s’inscrivent successivement au programme.

(…) Wladimir Skouratoff a crée ou renouvelé la chorégraphie de chacune des pièces.

Sur ce spectacle donné au Grand-Théâtre le 5 octobre 1977, Florence Mothe écrit :

(…) La compagnie de ballets du Grand-Théâtre m’a semblé en bien meilleure forme. Michel Fusté-Lambezat en a profité pour nous faire découvrir l’ « Enigma » de sir Edward Elgar, un compositeur bien injustement méprisé en France. Pierre Lacour a exprimé avec beaucoup de sensibilité tout le mystère contenu dans la mise en espace de Wladimir Skouratoff. Pur, gracieux, un peu étrange, ce ballet necessite une compagnie d’un haut niveau technique.

(…) Enfin, le « Bal des cadets » achevait cette premiere soirée de ballets. C’est une pièce joyeuse et légère que l’équipe du Grand-Théâtre a bien assimilée depuis qu’elle est inscrite à son répertoire. Wladimir Skouratoff s’y révèle comme un des derniers représentants de cette école improprement nommée de caractère et qui fait très justement du regard un mode privilegié d’expression.

Pour la « résurrection » de « La fille mal gardée » le 11 novembre au Grand-Théâtre, Florence Mothe remarque :

(…) Ce premier ballet-pantomime garde la fraîcheur des esquisses. Wladimir Skouratoff a souligné les harmonies en camaïeu.

Pour les Fêtes de fin d’année 1977, on annonce « Quadrille Impérial », comédie-musicale en forme d’hommage à Jacques Offenbach. Mise-en-scène de J.J.Echeverry, chorégraphie de Wladimir Skouratoff.


L’ANNEE 1978

Le 10 avril 1978, André Maubé écrit sur le spectacle donné par la Compagnie de ballets du Grand-Théâtre au Théâtre Femina le 8 avril :

(…) « Metamorphoses », où (dans une conception décorative réussie de Delannoy et Gassian) un fort beau quatuor (Lacour, Dumas, Manière, Gendre) a pu témoigner de ses dons dans une chorégraphie de Wladimir Skouratoff, sur la musique de Francis Poulenc.

Auparavant, Evelyne Mangeard avait affirmé ses dons d’expression chorégraphique dans « Sonate », musique de Bartok, pour laquelle Skouratoff rappela que les chemins de la modern danse ne lui sont pas inconnus.

« Le pays du sourire » de Franz Léhar est annoncé pour le 14 et 15 avril 1978 au G.T.B. Mise-en-scène de Claude Milon, chorégraphie de Wladimir Skouratoff.


Si la danse m’était contée aux foyers du Grand-Théâtre
le 11 mai 1978

Evoquer l’histoire de la danse en un spectacle d’animation, telle est la gageure tentée sous le titre « Quand la danse m’est contée » , par Gerard Boireau et Wladimir Skouratoff , aujourd’hui 11 mai à 15 heures, dans les foyers du Grand-Théâtre.

(…) A partir d’un texte de Florence Mothe, Wladimir Skouratoff a réglé divers ballets allant de la danse sacrée de l’Antiquité au french cancan de la gaieté parisienne en passant par les grands moments qu’ont representé le Menuet de Lully, « La fille mal gardée » de Dauverbal, « Le lac des cygnes », « Giselle », « Schéhérezade », le « Prelude à l’après-midi d’un faune », « L’oiseau de feu », « Aubade » de Poulenc et Lifar et « Le sacre du printemps » de Béjart.

27 mai 1978, « L’auberge du cheval blanc », de Benatzky-Bonneau.

(…) Les danseurs tyroliens de Robert Kopp et la troupe de ballet du Grand-Théâtre rythment le spectacle qui va à un train d’enfer. Ces interventions dansées, réglées par Wladimir Skouratoff, constituent même un ballet dans l’opérette : sorte de théâtre dans le théâtre.
(Florence Mothe, Sud-Ouest, 29 mai 1978)

« L’auberge du cheval blanc », O.Pardina et E.Mangeard en répétition (photo H.Delannoy)

Au catalogue du Théâtre Casino de Vichy, on peut lire:

(1978) Les artistes du Grand Théâtre de Bordeaux s’installent à Vichy avec l’orchestre et les troupes. La troupe de danseurs, menée par Wladimir Skouratoff, intervient dans les œuvres lyriques et donne un spectacle le 10 juillet sous la véranda : Le bal des cadets (J.Strauss), Le Boléro (Maurice Ravel).

Le 12 octobre 1978 (S.O.), Florence Mothe annonce:

Agen : une saison au paradis (*)
(…) « L’histoire du soldat » de Stravinsky et la « Sonate pour deux pianos et
percussion »
de Bartok seront dansés par la compagnie du G.T.B sur des chorégraphies de Wladimir Skouratoff, alors que « Rêve de valse » ira inciter les agenais au divertissement.
(*) programme dédié aux compositeurs russes.

Le 24 octobre 1978 on annonce dans Sud-Ouest une soirée chorégraphique au Théâtre Femina avec les artistes invités Cyril Atanasoff et Noëlla Pointois, de l’Opéra de Paris, et la présentation du « Concerto nº 2 » de Prokofiev, « Une nuit sur le Mont-Chauve » de Moussorgski et « La source écarlate » de Tchaikowski, poème de Jean-Claude Dutilh. Les trois chorégraphies sont de Wladimir Skouratoff.

Musique Russe (programme)

 

“La source écarlate” (programme)

 

"Une nuit sur le Mont-Chauve" (programme)


Le 2 novembre 1978 (S.O.), Florence Mothe écrit :

Un classicisme évolué
(…) c’est ce thème (de la guerre) qui a servi Jean-Claude Dutilh pour élaborer une œuvre dense et décapante sur une musique de Tchaikowski, (*) « La source écarlate ». Le rajeunissement de la guerre garde quelque chose d’indéfinement historique, des masques traversant la scène convoquent un charnier de héros morts au champ d’honneur. Avec cette scène hallucinée, Wladimir Skouratoff crée une angoisse nouvelle et prémonitoire.

(…) Quant aux chorégraphies de Wladimir Skouratoff, elles conservent une discipline qui les place dans le cadre d’un classicisme évolué. Le niveau auquel se situe maintenant la compagnie du Grand-Théâtre la rend apte á inventer sa propre voie au milieu des alphabets divergents de la danse contemporaine. Il serait dommage que ce ballet reste dans une ombre relative, alors que le seul fait de danser semble le plonger dans la jubilation.
(*) la Symphonie nº 6, « Pathétique »

Le 12 décembre 1978 (S.O.), Florence Mothe écrit :

Parvenir à traiter chorégraphiquement un « Concerto » de Saint-Saëns en respectant exactement les tempi et les accentuations de la musique, saupoudrer cette pièce brillante mais un peu désuète d’un zeste d’humour, telle a été la volonté de Wladimir Skouratoff, qui s’est librement inspiré de son maître Lifar pour ce spectacle dedié à la musique française.

Tout l’art de Wladimir Skouratoff a été de faire dialoguer très exactement la danse et la musique. Peu de chorégraphes sont aussi musiciens que lui et ressentent avec cette sensibilité les appels intérieurs de la mélodie. La correspondance qu’il cherche à traduire est rendue par des gestes magiques, alchimiques, qui semblent déchaîner des forces souterraines.

(*) Ce spectacle, donné au Théâtre Femina, était aussi composé par « L’apprenti sorcier » et « La Péri » de Dukas, et le « Pas de deux de Sylvia » de Délibes, dans un programme dedié aux compositeurs françaises.

Musique française (programme)

 

"L’apprenti sorcier” (programme)

 

“La Péri” (programme)


L’ANNEE 1979

Reprise de « Romeo et Juliette » aux Entrepôts Lainé le 24 février 1979 avec Wilfride Piollet (Juliette) et Jean Guizérix (Roméo).

“Roméo et Juliette” 1979 (programme)

Le 21 mars 1979, le Grand-Théâtre présente l’opéra La Basoche de Messager, chorégraphie de Wladimir Skouratoff.

Le 17 mars 1979 (S.O.), Florence Mothe annonce la création mondiale du ballet « La solitude » d’Henri Sauguet, et aussi de « Sortie interdite » de Michel Fusté-Lambezat, chorégraphiés tous les deux par Wladimir Skouratoff.

Florence Mothe le 19 octobre 1979:

LIFAR : VIVE LA REVOLUTION CULTURELLE
Serge Lifar est à Bordeaux. Le choréauteur du « Chevalier et la demoiselle » a assisté, dans le cadre d’un hommage rendu à Diaghilew par la Compagnie de Ballets du Grand-Théâtre, à la représentation des ballets dont il est le créateur : « Le fils prodigue » et « L’après- midi d’un faune ».

Il revient cinquante années en arrière et évoque pour nous son « copain » Diaghilew.

« Diaghilew est l’apôtre de la révolution culturelle.C’est Robespierre plus Bakounine, s’ils avaient prévu l’évolution du XXème siècle. La France, endormie sous ses lauriers académiques, n’avait pas compris qu’elle avait enfanté l’expressionnisme. C’est Diaghilew qui lui a appris. »

Il a su trouver de l’argent ?

« Il a amené des marchands qui ne comprenaient rien à rien mais qui avaient des capiteaux monstres, et il leur a fait acheter les meilleurs tableaux : Picasso, Derain, Vlaminck. Ainsi les plus grands peintres de l’école de Paris sont conservés dans les musées russes. »

Il ne s’interessait donc pas qu’à la danse ?

« Il était le pôle d’attraction de toute la culture occidentale. Il a révélé Stravinski et Prokofiev, mais aussi Ravel et, en grande partie, Strauss et Falla. Si je devais le définir d’un mot, je choisirais un mot en isme, car il a fait coïncider le surréalisme, l’impressionnisme, le constructivisme et le dadaisme. Diaghilew est un archipel. »

Les Ballets Russes ne furent pas seulement russes ?

« Ils ouvrirent la porte à Picasso, à Rouault, à Matisse. La Russie n’était pour eux qu’une affiche. Ce qui était leur sujet, c’était le monde entier. »

Vous allez vous retrouver dans le « Prélude à l’après-midi d’un faune » que vous avez crée.

C’est l’autre côté du miroir ?

« Je suis très anxieux de voir le spectacle monté par mon élève Wladimir Skouratoff. J’aime bien que mes élèves deviennent des maîtres. »

Sur l’hommage à Diaghilew donné au Théâtre Femina le 19
octobre 1979, Florence Mothe écrit dans Sud-Ouest :

(…) Bien que s’exprimant sur de la musique enregistrée, le spectacle donné en hommage à Diaghilew par la Compagnie du Grand-Théâtre de Bordeaux a su forcer l’attention et l’admiration. Wladimir Skouratoff, en disciple respectueux, avait invité son maître Serge Lifar, tenant en quelque sorte le miroir à celui qui fut le plus grand chorégraphe de la première moitié du XXème siècle. Lifar lui donna amitié et complicité. Il temoigna de l’exactitude de l’intention.Résident temporaire à vie, mais à Paris, Lifar n’a pas l’âme d’un exilé. Même s’il s’exprime en russe avec son ami « Wolodia », c’est de la danse eternelle qu’ils parlent, celle qui n’a ni époque ni patrie.

(*) cet Hommage à Diaghilew était composé par « Le fils prodigue », « L’après-midi d’un
faune », « Tricorne » et « Le spectre de la rose », et aussi le pas de deux de « La belle au bois dormant ».

Hommage à Diaghilew (programme 1)

 

Hommage à Diaghilew (programme 2)

 

Avec Lifar et, de gauche à droite, Evelyne Mangeard, Aline Gendre
et Jacqueline Portas, dans l’Hommage à Diaghilew en 1979 (photo H.Delannoy)

Le 16 novembre 1979 le Grand-Théâtre présente l’opéra « Marouf savetier du Caire » d’Henri Rabaud, avec la chorégraphie de Wladimir Skouratoff.

Evelyne Mangeard dans “Marouf sauvetier du Caire" (photo H.Delannoy)

Florence Mothe dans son article sur le spectacle du 22 décembre 1979 écrit dans Sud-Ouest :

C’est en faisant sienne la formule de Camus selon laquelle « le classicisme n’est qu’un romantisme dompté » que Wladimir Skouratoff avait élaboré une brillante variation sur le thème eternel de la danse-variation (…) Entre Haëndel, Albinoni, Vivaldi, Bach et Xenakis, Wladimir Skouratoff a recherché une même respiration, un même rythme. Comme si les saisons de la danse célébraient l’eternel été des îles grecques.

(*) au programme : « Troisième suite » de Bach, « Water music » de Haëndel et « La leçon » de Vivaldi, toutes choregraphies de W.Skouratoff.

“Water music” 1979 (photo F.Mineau)

 

En répétition avec Evelyne Mangeard au G.T.B.
en 1979 (photo H.Delannoy)

 

En répétition au Grand-Théâtre (photo C.Leconte)


L’ANNEE 1980

A Vichy avec Gerard Boireau et la compagnie de
ballet du GTB (photo H.Delannoy)

 

“Cendrillon” en Avignon (programme)


UN DIMANCHE A L’AUBE

Le 8 janvier 1980 (S.O.), Florence Mothe raconte :

« Je sais la force des mots, écrivait Maiakovski. Les mots sont un tocsin, pourtant ils ne sont rien moins qu’une rose sous le talon d’une danseuse ». Pourtant, c’est aux mots de Maiakovski que Wladimir Skouratoff a fait appel pour exorciser quelqu’uns de ses demons.

Le spectacle qu’il présentera samedi au Grand-Théâtre, sur un texte de Michel Baranoff, est une évocation dramatique en deux actes du fameux Dimanche russe du 22 janvier 1905, dont ce sera, à peu près, d’ailleurs, le soixante quinzième anniversaire. Autant dire qu’il est question, dans ce ballet qui met en œuvre des moyens electro-acoustiques importants, ainsi que trois comédiens, Paul Renard, Anyl Floriane et Claude Milon, qui composent en quelque sorte un double dramatique des personnages dansés de la révolution d’Octobre, Wladimir Skouratoff, en montant ce ballet, parlera de liberté et d’oppression, tout en raccontant une histoire d’amour unissant Tatiana à Alexandre Alexeievitch. Une jeune fille de la noblesse et un jeune officier de la garde impériale partageront, par générosité et par enthousiasme, la foi des révolutionnaires.

Le ballet sera conduit d’une église orthodoxe à la cour de Saint-Petersbourg, de l’officine d’un mage lubrique aux clairières gelées où se cachent les partisans.

C’est Cyril Atanasoff et Liliane Belfiore, danseuse étoile du London Festival Ballet, qui incarneront les personnages principaux. Wladimir Skouratoff se retrouvera en scène. Il sera, lui, le sorcier Lief Karougine, et l’officier du Tzar, Serge Donskoi.

“Un dimanche à l’aube” (programme)

 

"Un dimanche à l’aube" (distribution)

 

Cyril Atanasoff et E.Mangeard dans « Un dimanche à l’aube » (photo V.Olivar)

 

Un dimanche à l’aube, le corps de ballet (photo V.Olivar)

CASSE-NOISETTE

Le 8 mars 1980, on lit dans Sud-Ouest :

« Casse-Noisette », ballet féerique en deux actes et trois tableaux, tire son thème d’un récit d’Alexandre Dumas, lui-même ayant puisé son inspiration dans un conte d’Hoffmann. Exalté par la partition sublime de Tchaikovski, le chorégraphe du Grand-Théâtre de Bordeaux, laissera aller son imagination pour servir cette histoire merveilleuse peuplée de sylphes, de driades et de fées.

La critique de Florence Mothe le 15 mars 1980 (S.O.) :

Ressusciter le vert paradis des rêveries enfantines n’est pas de tout repos pour le chorégraphe, toujours tenté d’allier la tradition à l’innovation. Cet équilibre est parfois difficile à atteindre dans des œuvres où les sensibilités de plusieurs auteurs se superposent. Ainsi, « Casse-Noisette », qui à travers Hoffmann a séduit Petipa et Tchaikovski, avant d’inspirer à Roland Petit une brillante variation.

Ce souvenir a peut-être géné un peu Wladimir Skouratoff. Si les décors de Jean Gassian et les costumes (très beaux) de Henri Delannoy ne se souviennent en rien d’Enzio Frigerio, la chorégraphie de Wladimir Skouratoff paraît guidée par le souci de s’éloigner de Roland Petit, sans cependant pouvoir lui échapper tout à fait.

(…) Wladimir Skouratoff s’est attaché à recréer des atmosphères différentes selon que le rêve de Marie la transporte en Espagne ou en Asie.

J.Portas, A.Mediavilla, A.Gendre, P.Lacour,E.Mangeard et M.Dumas dans “Casse-Noisette”
(photo H.Delannoy)

 

“Casse-noisette”, 1980 (photo C.Leconte)

 

« Casse-Noisette » le corps de ballet (photo P.Delorme)

 

F.Mineau dans “Casse-Noisette” (photo P.Delorme)

FILLE MAL GARDÉE

« La fille mal gardée » de Hérold fut représentée le 2 août 1980 au Théâtre Casino de Vichy, et Line Debordes écrit :

(…) la compagnie de Bordeaux est une troupe importante ne comprenant que des danseurs d’excellente qualité et la réalisation due à Wladimir Skouratoff était excellente.

(…) La chorégraphie et la mise-en-scène réalisées par Wladimir Skouratoff tout en gardant à ce ballet sa drôlerie et son caractère champêtre ont ménagé beaucoup d’élégance aux différentes figures. (…) La danse des paysannes en sabots témoigne du talent du chorégraphe pour l’excellente exploitation du rythme.

L’opérette « La vie parisienne » d’Offenbach fut présentée le 4 août 1980 au Théâtre Casino de Vichy. Mise-en-scène de Gerard Boireau, chorégraphie de Wladimir Skouratoff.

Wladimir Skouratoff et la compagnie de « La vie Parisienne » à Vichy en 1980

L’operette « La belle Hélène » d’Offenbach, mise-en-scène de Gerard Boireau et chorégraphie de Wladimir Skouratoff, fut donnée le 12 août 1980, au Théâtre Casino de Vichy.

« Casse-Noisette » de Tchaikowski, redonné le 14 août 1980 au Théâtre Casino de Vichy :

“Casse-Noisette” à Vichy (programme)

Le 18 août 1980 on annonce « Le bal des cadets » et « Boléro » au Festival de Vichy.
Sur ce spectacle, on pouvait lire dans un journal de Vichy de l’époque :

(…) tout a concouru à faire de cette soirée vouée à la danse un intermède exquis, sans grande prétention, mais d’un goût certain, à travers deux thèmes mélodiques que l’on a plus à présenter : le « Bal des cadets » de Strauss et le « Boléro » de Ravel.

Pour célébrer Vienne et ses « fastes à trois temps », Wladimir Skouratoff avait chosi l’humeur et la pantomime, faisant fi de la convention qui privilégie l’expression esthétique au détriment parfois du tempérament. D’où le brin du déssarroi qu’éprouva une partie du public devant sa chorégraphie très primesautière, sacrifiant au burlesque et à l’effet désopilant. Bref, un approche très personnel de Strauss, non exempte de pertinence, démysthifiant Vienne et ses splendeurs, en appuyant le caractère frivole et mièvre de cette période flamboyante.

Skouratoff ne s’est pas pris trop au sérieux dans cette évocation pétillante comme un cremant des côteaux du Danube. Sa compagnie l’a suivi et compris à la perfection : Maryse Dumas et Pascal Manière d’abord, Pierre Lacour, Evelyne Mangeard, André Renard, Michel Valprémy, Aline Gendre, Jacqueline Portas, Régine Mauran, Carole Grifflé et Paméla Paloméra dans le pas (glissé) de ses étoiles, sans compter Skouratoff lui-même, en chaperon de son bataillon de cadets, ont virevolté et « gambillé » avec une allégresse bien dans l’esprit viennois ; mais reconnaissons toutefois qu’ils se sont montrés plus convaincants dans le « Boléro » de Ravel, une chorégraphie plus hiératique, plus classique aussi, avec des figures très élaborées.

L’Espagne du feu de la passion et du noir de la « muerte » fut exprimé avec une puissance étonnante à travers le thème lancinant du célèbre « Boléro ». Wladimir Skouratoff dispose d’un potentiel de valeur digne de son enseignement ; voilà qui semble des plus stimulants pour l’ex-pensionnaire des ballets du marquis de Cuevas.
J.P.G.

A Vichy avec E.Mangeard et Pierre Lacour (photo H.Delannoy)

Le 27 octobre 1980, Florence Mothe écrit dans Sud-Ouest sur le spectacle donné le 17 octobre à l’Entrepôt Lainé :

(…) Stravinsky (« L’Oiseau de feu », « Apollon Musagète »), Skouratoff connaît. Ils sont, si j’ose m’exprimer ainsi, en pays de connivence. Chantant dans le même arbre généalogique l’air tour à tour nostalgique et rayonnant du pays perdu, ils célèbrent à leur manière, une famille reconciliée.

(…) une nouvelle version du « Mandarin merveilleux » de Bartok, qui colle avec une précision diabolique à la partition et à la pensée de Bartok. (…) De ce conte qui est un opéra-minute, Wladimir Skouratoff a tiré une bouleversante pantomime.

Le 24 octobre 1980, on présente au Grand-Théâtre l’opéra « Nabucco » de Verdi, chorégraphié par Wladimir Skouratoff.

Le 25 novembre 1980, Sud-Ouest annonce au Grand-Théâtre :

(…) Wladimir Skouratoff réglera la chorégraphie de « Don Juan » de Strauss, et imaginera sur un très bel argument de Jean-Claude Dutilh, un nouveau ballet intitulé « La nymphe aux yeux de nuit ». Il s’agit de la rencontre de plusieurs personnages, rencontre tout à la fois violente et romantique, et qui fait rimer, comme l’affirmait déjà Ronsard, l’amour et la mort à une même extase.

(…) La compagnie de ballets du Grand-Théâtre de Bordeaux est également partie prenante dans « Don Juan » et dans « Aubade » de Francis Poulenc, ballet par lequel Wladimir Skouratoff rendra hommage à son maître Serge Lifar.

Dans la critique de Florence Mothe dans Sud-Ouest le 3 décembre 1980, on peut lire :

La compagnie du G.T.B. – En pointes
Comment donner un style à une Compagnie ? Comment faire qu’un groupe de danseurs prenne tout à coup une âme et une fébrilité commune, s’attache à forger des créations et offre un véritable relief aux ballets qu’elle propose ?

Wladimir Skouratoff a probablement trouvé un moyen de répondre à ces questions.Le programme qu’il a proposé samedi au Grand-Théâtre témoigne en tout cas de l’unité d’inspiration qui a guidé les chorégraphes à travers Tchaikovski, Poulenc, Strauss et Prokofiev…

(…) L’imagination ce n’est pas ce qui manque à Wladimir Skouratoff dans son dernier ballet « La nymphe aux yeux de nuit », (*) composé sur un argument de Jean-Claude Dutilh. Le collant académique permet au chorégraphe d’inventer des structures et des cultures, de laisser au corps des danseurs la libre expression du mouvement, de se priver, enfin, de l’anecdote qui replace les personnages dans la vérité de leur expression.

(*) sur la musique de « Mort et transfiguration » de R.Strauss

“La nymphe aux yeux de nuit” (programme)

(…) Enfin, la Compagnie de ballet du Grand-Théâtre offrait une brillante variation au thème de « Don Juan ». (…) La version que Skouratoff donne de l’eternel séducteur est une version toute à la fois claire et ambigüe. Don Juan s’amuse et nous divertit, mais il y a quelque chose d’angoissé et d’eternellement fuyant dans la chorégraphie, qui souligne que ce personnage, malgré ses conquêtes, demeure l’homme sans paix et sans joie.

“Don Juan” (programme)

 

Rudy Bryans et Fabienne Delorme en “Don Juan” (photo F.Mineau)

 

Rudy Bryans en “Don Juan” (photo H.Delannoy)

 

En répétant « Don Juan » avec R.Bryans


L’ANNEE 1981

Le 23 janvier 1981, « La belle Helène » d’Offenbach, est produite au Grand-Théâtre, chorégraphie de Wladimir Skouratoff.

« Casse-Noisette » au Grand-Théâtre le 27 février 1981, annonce de Florence Mothe dans Sud-Ouest :

(…) La version qui donnera au Grand-Théâtre Wladimir Skouratoff est assez libéralement inspirée de la première version que Tchaikowski avait réalisée à la demande du directeur des théâtres impériaux, demande si impérative que le compositeur lui-même perdit bientôt son enthousiasme et que la composition de « Casse-Noisette » s’acheva comme un cauchemar fiévrieux.

Dans cette version, qui a été déjà presentée en 1980, Wladimir Skouratoff renoue avec la tradition russe et tente de ressuciter le vert paradis des rêveries enfantines. Tout en alliant la tradition à l’innovation.

Le 1er.mars 1981, reprise de « Casse-noisette » au Grand-Théâtre, sur laquelle André Maubé écrit :

Dès le lever du rideau (…) Wladimir Skouratoff annonce la couleur. Son « Casse-Noisette » sera un conte rose et l’intrusion dans l’imaginaire ne se fera point dans la palette sombre d’Hoffmann, mais à la suite des variations musicales de Tchaikowski, jaillaissantes comme des ruisseaux de montagne au printemps.

Le 26 mars 1981, le Grand-Théâtre a présenté l’opéra « Adrienne Lecouvreur » de Cilea, avec la chorégraphie de Wladimir Skouratoff.

Florence Mothe écrit le 26 mai 1981 à propos de la création mondiale « L’arbre » de Henri Sauguet, en Hommage à ce compositeur, présentée au Mai Musical 1981, chorégraphie de Wladimir Skouratoff :

« L’arbre » s’inspire, à travers l’argument de Raphael Cluzel, des conquêtes du surréalisme.
Il faut croire aux arbres, aux fleurs, aux plantes, qui unissent le minéral et l’animal. Il faut croire au pouvoir des mots et au pouvoir des songes. Il faut croire que la poésie crée la danse, car elle est la danse même. L’envoi des phrases répond à la légéreté des danseurs. Un même geste dessine dans l’espace, et les sons, et les mots, et les formes.

Carole Griffié traduit avec une grâce fragile et légère la chorégraphie de Wladimir Skouratoff. La Compagnie du Grand-Théâtre apparait comme le vecteur privilégié de ces émotions partagées.

“L’arbre” (programme)

Pour la saison 1981-1982 du Grand-Théâtre on annonce :

Le 6 novembre, l’opérette « Véronique » de André Messager.
Le 27 novembre, création mondiale de « Greens » ou « Golf, amour et harmonie » divertissement lyrique d’Henri Bordes, mise-en-scène de Gérard Boireau, chorégraphie de Wladimir Skouratoff.
Le 27 janvier 1982 « Daphnis et Chloé » de Ravel, chorégraphie de Wladimir Skouratoff (aux Entrepôts Lainé).

Au mois d’août 1981, le Théâtre Casino de Vichy présente :
Le 1er.août, « De Paris sur Seine à Vienne sur Danube » ;
Le 9 août, « Les forains » (Sauguet) et « Parade » (Satie).

Florence Mothe écrit le 16 octobre 1981 (S.O.) sur l’Hommage à Lifar :

Lifar, le grand, l’unique, sera à Bordeaux samedi, pour s’expliquer sur sa vie, sur son art. Son disciple, Wladimir Skouratoff, qui fut après la guerre l’étoile des Ballets de Monte-Carlo, lui a réservé un hommage que l’on doit à son talent, à son courage, à son œuvre.

(…) Les quatre ballets qui ont été choisis pour lui rendre hommage seront recréés selon des chorégraphies de Louis Orlandi, Françoise Adret et Wladimir Skouratoff. (*)
(*) Les sylphides (Chopin), Mephisto valse (Lizst), Suite en blanc (Lalo) et
Pas de deux de Roméo et Juliette (Tchaikowski)

André Maubé, le 2 décembre 1981 dans sa critique sur le ballet « Cendrillon » de Prokofiev, crée en 1974, on peut lire :

(…) Le chorégraphe, après un départ un peu lent, s’est « éclaté » dans le final du premier acte, pour porter ses efforts sur le deuxième, véritable fête visuelle qui doit beaucoup aux décors de Gassian et aux costumes de Delannoy.

Wladimir Skouratoff en répétition (photo P.Delorme)

 

Sylviane Bayard et Rudy Bryans (photo P.Delorme)

 

André Mediavilla et le corps de ballet (photo P.Delorme)

 

Bayard, Bryans et le corps de ballet (photo P.Delorme)

 

Les solistes et le corps de ballet (photo P.Delorme)

 

Les sœurs de Cendrillon (photo H.Delannoy)

L’ANNEE 1982

Le 22 janvier 1982, Florence Mothe écrit dans Sud-Ouest :

A écouter Wladimir Skouratoff, on croit décidément que sa carrière de danseur lui donne des regrets. Le maître de ballet de la Compagnie du Grand-Théâtre de Bordeaux regrette, en effet, à l’évidence, de ne pas avoir été un homme de cirque. Il en parle, avec ces tremblements d’aise qui assaillaient parfois Darius Milhaud et dont use encore Henri Sauguet lorsqu’il explique que son inspiration des « Forains » est venue des fêtes auxquelles il assistait sur les Quinconces de son enfance. De l’écuyère à la ballerine, il n’y a pas loin.

C’est pourquoi le spectacle proposé samedi à 21 heures, au Centre André- Malraux, baignera dans une atmosphère de nostalgie qui est celle de forains, de parade, de relâche.

« Satie n’est pas plus gai que son disciple Henri Sauguet, confie Wladimir Skouratoff . L’expression première du cirque est la tristesse. Même si sous les paillettes, les strass et le maquillage, le spectacle doit continuer. « Les forains » que nous présentons à Bordeaux le seront dans la version de la création qui est celle de Roland Petit. »

« C’est Christian Bérard qui avait imaginé les décors et les costumes sur un argument de Boris Kochno. Le théâtre de plein vent, les exercices, l’imminence de la route sont présents dans le spectacle avec le goût de Sauguet pour les fêtes foraines, les représentations nomades et sa compassion pour les artistes errants qui portent le rêve et la fantaisie sous des oripeaux ternis et tannés mais dans lesquels survivent encore l’or et la pourpre. »

(…) En ce qui concerne « Parade », en revanche, Wladimir Skouratoff s’est éloigné de la chorégraphie de Massine, pour se rapprocher du décor et des costumes voulus à la création par Picasso. C’est presque une chorégraphie cubiste qu’il nous propose. Chaque personne devient une silhouette, le dépouillement est exceptionnel, la brutalité quasi intransigeante.

Le 1er.février 1982 (S.O.) , Florence Mothe annonce la création aux Entrepôts Lainé, du ballet « Hécube », musique de Jean Courtioux, chorégraphie de Janine Charrat :

(…) Dans « Hécube », la danse fera plus qu’exprimer par le geste.Par exemple, Wladimir Skouratoff, qui encarne le Roi, et dont Hécube crêvera les yeux, s’exprime par le verbe.

Janine Charrat répétant avec Wladimir Skouratoff
dans le ballet « Hécube » (Photo Sud-Ouest)

(*) Au même programme, fut dansé « La mort rouge » de Curtioux, chorégraphie de Wladimir Skouratoff.

Le 28 juillet 1982 la Compagnie du G.T.B. présente au Théâtre Casino de Vichy « D’Offenbach à Strauss », et le 7 août « Cendrillon » de Prokofiev, avec les chorégraphies de Wladimir Skouratoff.

Stage à l’Académie Internationale de Danse de Dinard en Août 1982 (programme)

Sur l’Hommage au Marquis de Cuevas, donné le 4 décembre 1982, Florence Mothe écrit :

Le personnage de Georges de Cuevas, marquis par décret royal, était au centre du spectacle donné au Centre André-Malraux par la Compagnie du Grand-Théâtre.

(…) Wladimir Skouratoff, qui créa pour sa compagnie « Piège de lumière », la « Tertulia » et « Boléro », lui devait bien cette sérénade posthume.

Elle s’exprima, d’abord, à travers un délicieux ballet, « Constantia », qui sur le Concerto en Fa mineur de Chopin, raconte la passion du compositeur pour Constantia Gladruska, jeune chanteuse polonaise qu’ au demeurant il ne connut jamais.

(…) les deux ballets suivants, tous deux proposés sur des chorégraphies de George Skibine, « Concerto » de Jolivet et « Le prisionnier du Caucase » de Katchaturian.

Hommage au marquis de Cuevas (programme)

 

« Le Prisonnier du Caucase » : Mangeard, Mauran et Mineau (photo H.Delannoy)

L’ANNEE 1983

Le 18 janvier 1983, Florence Mothe écrit sur la production de l’opéra « Le jongleur de Notre Dame » de Massenet au Grand-Théâtre :

(…) En voulant replacer Massenet dans son cadre, Gerard Boireau a joué le jeu jusqu’au bout. Il a composé une soirée à l’image de ce qui se passait au siècle dernier et a adjoint à l’opéra, joué sans entracte, un ballet « Le jeu du miroir du bois », sur une chorégraphie de Wladimir Skouratoff. (…) cette belle et étrange aventure qui raconte un peu la même chose, c’est-à-dire, le symbole de la vibration de la terre aux forces nouvelles de l’esprit.

“Le jeu du miroir du bois” (programme)

 

"Le jongleur de Notre-Dame" (programme)

Le 27 février 1983 le Grand-Théâtre produit « Le lac des cygnes » de Tchaikowski, chorégraphie de Wladimir Skouratoff, dont André Maubé écrit :

(…) Toujours à l’aise lorsqu’il s’agit des cygnes, des sylphides et des fées des ballets classiques, le maître a mené tambour battant sa troupe à la victoire.

“Lac des cygnes” (programme)

 

Griflé, Mangeard et Pardina dans « Lac des cygnes » (photo V.Olivar)

 

« Lac des cygnes », Acte IV : Mangeard, Portas, Daverat, Mauran
(photo H.Delannoy)

Le 25 mars 1983, aux Entrepôts Lainé, on a produit un « Gershwin revival », sur des œuvres de ce compositeur, dont la chorégraphie de « Préludes et promenades » est signée par Wladimir Skouratoff.

André Maubé écrit à cet égard :

(…) « Promenades et préludes », pour lequel Wladimir Skouratoff rappela brillamment sa brillante technique et l’élégance de sa chorégraphie.

Le 3 avril 1983, le Grand-Théâtre présente l’opérette « Paganini » de Franz Lehar, mise-en-scène de Gerard Boireau, chorégraphie de Wladimir Skouratoff.

Le 27 juillet au Théâtre Casino de Vichy, on présente le Gershwin Revival, composé par
« Ouverture cubaine », « Concerto en Fa », « Medley » et « Promenades et préludes avec Réjane Vérité, Olivier Pardina, Claudette Souarnec, Alain Vaspar et la companie de ballet de Bordeaux.

Le « Lac des cygnes » est donné à Vichy le 3 août 1983, avec Ghislaine Thesmar, Michaël Denard, Olivier Pardina et le corps de ballet du Grand-Théâtre. Et dans un article publié dans un journal de Vichy, on lit :

(…) J’ai surpris Wladimir Skouratoff chantant seul, dans la rue, et sautillant presque. La-la-la-la-sol dièse la-si-la-sol dièse…J’ai tout de suite complimenté le maître, l’encourageant vers le bel canto. Toutefois, je me permis de lui dire qu’un air d’opéra lui conviendrait mieux que le fameux passage du Lac des cygnes qu’il fredonnait – l’un des plus connus et celui que l’amateur attend. « Ah !, me dit- il, « c’est merveilleux Tchaikowski ! Et ce passage, le « pas de quatre » des petits cygnes, sublime ! Oh vous verrez mes petits cygnes : Martine Magnon, Fabienne Delorme, Sylvie Daverat et Nadine Maillet. Même technique, même taille, même grâce et même enthousiasme. C’est un des clous de la soirée…C’est aussi important que l’air du ténor dans « Rigoletto ».

Et sur deux pas glissés en avant, il me quitta en chantant « Comme la plume au vent, femme est volage… »

Skouratoff avec E.Mangeard et C.Griffié en répétition du « Lac des cygnes »

 

Soirée au Palais des Congrès de Dinard le 25 août 1983 (programme)

LAC DES CYGNES

Le 2 décembre 1983 le Grand-Théâtre présente la version intégrale du « Lac des cygnes » de Tchaikowski, chorégraphie reprise par Wladimir Skouratoff d’après Petipa-Ivanov, avec les étoiles Ghislaine Thesmar et Cyril Atanasoff, et qui devrait être dansé aussi le 4 et 6 décembre par Elisabeth Platel, et le 9 et 11 décembre par Claude de Vulpian.

“Lac des cygnes” (programme 1)

 

« Lac des cygnes » (programme 2)

André Maubé écrit à ce sujet le 3 décembre 1983 :

Le Ballet du Grand-Théâtre semble s’être réveillé sous le signe d’ un ouvrage fabuleux, l’un des plus célèbres du répertoire classique, « Le lac des cygnes ».

Considérablement rajeuni, riche de rivalités favorables à l’émulation, démontrant une réelle joie de danser, la Compagnie de Wladimir Skouratoff propose avec ce ballet de Tchaikowski, composé d’après un livret très romantique, spécialement écrit par les écrivains Begitchev et Geltzer, un fort beau spectacle.

Skouratoff est respectueux de la tradition de Marius Petipa et Ivanov qui certain soir de 1894 au théâtre Marie de St.Petesbourg, portèrent au triomphe une chorégraphie boudée dix sept ans plus tôt par les Moscovites. Mais ce respect admiration porte ses fruits quand sur la scène se produisent des artistes enthousiastes et de talent certain.

Ghislaine Thesmar et Michel Renard (photo P.Delorme)

 

El pas de quatre (photo P.Delorme)

 

F.Mineau (le bouffon) (photo P.Delorme)

 

Le corps de ballet (photo P.Delorme)

 

F.Mineau et le corps de ballet (photo P.Delorme)

 

Le 3ème.acte du « Lac des cygnes » : Denard, Mangeard, Dumas, Mineau (le Bouffon)
(photo H.Delannoy)

L’ANNEE 1984

Le 14 janvier 1984, sur la reprise du « Concerto en Fa » de Gershwin aux Entrepôts Lainé, Florence Mothe écrit dans Sud-Ouest :

(…) Enfin, c’est un ballet de Wladimir Skouratoff qui sera repris par la Compagnie de Ballet du Grand-Théâtre. Il s’agit d’un Concerto en Fa de George Gershwin, une démarche simple où la chorégraphie est le moteur de l’œuvre et où les lignes et les corps se rejoignent dans le délire de l’imagination et de l’inspiration que déclenche la musique inventive d’un Américain qui ne fut, hélas, pas de Paris.

Et le 16 janvier 1984, Florence Mothe se réfère aussi à ce même spectacle donné à la salle Jacques-Thibaud, dans ces termes :

(…) Le meilleur de la soirée était sans nul doute le Concerto en Fa de George Gershwin, mis en espace par Wladimir Skouratoff. Wladimir a voulu faire un grand clin d’œil au ballet blanc et sa nouvelle devise pourrait être –« Skouratoff danse plus blanc que Petipa ». C’est habile, un peu balanchinien à travers le travail des diagonales et des groupes. C’est une chorégraphie de clins d’oeil et de sensibilité qui met en lumière chacun des danseurs à travers sa personnalité propre.

Le 14 juillet 1984, Hommage à Balanchine au Grand-Théâtre, critique d’André Maubé :

(…) « Constantia » d’après une musique de Chopin (*) permet de situer les qualités des danseuses et danseurs. Car cet hommage à Balanchine par Wladimir Skouratoff ne fait pas de cadeaux dans des évolutions classiques : le charme, la spontanéité, le talent, étaient au rendez-vous.

(…) « Angora », argument de Jean-Claude Dutilh, brillant et enlevé, riche d’humour et de joie, illustre avec une désinvolture talentueuse les thèmes de Paganini et de Rachmaninoff (**). Grâce aux costumes d’Henri Delannoy.

C’est à la fois un clin d’œil malicieux aux « Aristochats » de Disney et à « West Side Story ». D’inspiration balanchinienne, ce ballet de Skouratoff propose un affrontement amoureux sur les toits de Londres (…)

(…) C’est donc à la source authentique que Skouratoff s’est initié au « Boléro ». Aussi éloigné d’un Béjart que d’un Gades, le Boléro de Skouratoff est empreint de noblesse, de retenue. Sa chorégraphie est savante.
(*) le Concerto nº 2
(**) la Rapsodie sur un thème de Paganini

Ce même spectacle fut présenté le 14 août au Théâtre Casino de Vichy avec Wilfride Piollet, Denys Ganio, Olivier Pardina, Pierre Lacour, Réjane Vérité, Aline Gendre, Evelyne Mangeard, Carole Griffie, Maryse Dumas et Patrick Giraudon.

Le Grand-Théâtre produit les opérettes « Le chanteur de Mexico » le 6 octobre, « Trois valses » le 17 novembre et « Le baron tzigane » le 23 décembre 1984, toutes chorégraphies de Wladimir Skouratoff.

Et le 11 novembre 1984, on présente l’opéra « La Traviata » de Verdi, chorégraphie de Wladimir Skouratoff.

Evelyne Mangeard et Oliver Pardina dans « La Traviata » (photo V.Olivar)

COPPÉLIA

Le 29 novembre 1984, Florence Mothe écrit dans Sud-Ouest :

Skouratoff recrée “Coppélia”
Un siècle après la création de « Coppélia », Wladimir Skouratoff signe à Bordeaux une nouvelle version du ballet de Léo Delibes. Avec Elisabeth Platel (Swanilda) et Cyril Atanasoff (Coppélius).

(…) Ce qui est amusant, note Wladimir Skouratoff, c’est qu’Elisabeth Platel danse pour la première fois le rôle de Swanilda.(…) La charmante Elisabeth Platel va rencontrer en Coppélius un Atanasoff qui découvre également le personnage : « Je l’ai voulu beau, séducteur et inquiétant », note Wladimir Skouratoff. « Je lui ai donné une pointe d’humour car, selon moi, pour un immense danseur comme Atanasoff qui aborde pour la première fois un rôle de composition, il faut faire de Coppélius une affaire d’acteur plus encore que de danseur. »

(…) Selon Wladimir Skouratoff, entre dans ce ballet « tout un protocole de gestes, d’élans, de mutations et d’ironie, qui doit se trouver isolé du pittoresque. L’étrangeté des rapports entre Coppélius, Swanilda et Franz, définit l’éternité des relations sur laquelle repose tout le théâtre occidental. Comme Pierrot, Arlequin et Colombine, ces trois personnages se livrent au jeu cruel de l’amour. Coppélius rêve d’aimer la poupée et d’en faire l’objet de sa passion. C’est un jeu moins innocent qu’il n’y paraît au premier abord. »

(…) Wladimir Skouratoff a choisi pour cette nouvelle production, de donner les trois actes en entier. Cette abondance chorégraphique ne surprendra guère d’un homme qui se donne toujours pour tâche de tailler des versions modernes dans le canevas traditionnel. « Au premier acte, j’ai rendu la part belle à Delibes », confie-t-il, « j’ai accentué le caractère folklorique de la musique par des bottes. Le deuxième acte est tourné davantage vers Hoffmann, grâce à des jeux de lumière fantastiques. Enfin, le divertissement du troisième acte, à la différence des deux premiers, entièrement dansé sur pointes, apparaît comme une apothéose, tel un grand final d’opérette.

(…) Pour Wladimir Skouratoff, « il ne faut rester ni descriptif ni anecdotique, mais rendre à chaque personnage son contexte dramatique, quitte à déconnecter le troisième acte, considéré comme une variation de la danse pour la danse. »

“Coppélia” 1984 (programme)

 

Platel et Pardina (photo P.Delorme)

 

Atanasoff et Pardina (photo P.Delorme)

 

Platel, Atanasoff et le corps de ballet (photo V.Olivar)

 

« Coppélia » à la reprise de Wladimir Skouratoff en 1984 (photo P.Delorme)

L’ANNEE 1985

Le 26 et 27 janvier 1985, à l’Opéra de Nantes:

Ballet de l’Opéra de Nantes (programme)

 

Oeuvres de Gershwin (programme)

 

Mangeard, Pardina, Skouratoff (photos programme)

Le Grand-Théâtre annonce la production des opérettes « Pas sur la bouche » le 2 février, et « Valses de Vienne » le 23 mars 1985, et des opéras « La dame blanche » de Boïldieu le 1er.mars et « Les pêcheurs de perles » de Bizet le 18 avril 1985.

Toutes les chorégraphies signés de Wladimir Skouratoff.

Le 3 août 1985, Gala avec la Compagnie de Bordeaux au Théâtre Casino de Vichy,
« Coppélia » de Leo Delibes, avec Elisabeth Platel, Cyril Atanasoff et Olivier Pardina.

L’opérette « Le pays du sourire » de Franz Lehar, et le ballet « Giselle » d’Adam, sont annoncés pour mars et avril 1985 au Grand-Théâtre, avec des chorégraphies de Wladimir Skouratoff. Et aussi, les opérettes « Rose de Noël » pour octobre et « Balalaika » pour décembre 1985.

« Rose de Noël » : Evelyne Mangeard et Pierre Lacour (photo H.Delannoy)

 

« Le pays du sourire », E.Mangeard et le corps de ballet (photo H.Delannoy)

Le 25 novembre 1985, André Maubé écrit :

Un gala de danse sans prétention mais non sans charme, ce dernier week-end au Grand-Théâtre. Au programme, « Feu d’artifices » sur la musique de Haëndel et « Les deux pigeons » ballet d’après Messager, dansés par le corps de ballet.

« Feu d’artifices », élégante chorégraphie qui mit en valeur les longs tutus roses et les délicats blondeurs des demoiselles du corps de ballet conduites par une Evelyne Mangeard au mieux de ses formes fluides et musicales.

« Les deux pigeons » est riche d’une partition à la fois élégante et porteuse d’émotions directes.

(…) Spectacle réussi avec des moyens locaux qui prouve combien la compagnie du maître Skouratoff est en progrès et gagne sans cesse en enthousiasme.

“Les deux pigeons” (programme)

L’ANNEE 1986

Le 10 et 11 janvier 1986, « Hommage aux Ballets Russes » à Nantes :

Hommage aux Ballets Russes (programme 1)

 

Hommage aux Ballets Russes (programme 2)

 

Hommage aux Ballets Russes (programme 3)

 

Les artistes de l’Opéra de Nantes (programme 4)

Le 13 février 1986, on a présenté l’opéra « Lakmé » de Delibes ; et le 20 mars 1986, « Les noces de Figaro » de Mozart, chorégraphies de Wladimir Skouratoff.

Les opérettes annoncées pour la saison 1986-87 au Grand-Théâtre sont toutes chorégraphiées par Wladimir Skouratoff :

Rose Marie en Octobre 86
Ciboulette en Novembre 86
La vie parisienne en Décembre 86
La belle Helène en Février 87
Mam’Zelle Nitouche en Avril 87
Méditérrané en Juin 87


LA FILLE MAL GARDÉE

Le l5 mars 1986 (S.O.) sur la « Résurrection de « La fille mal gardée » au Grand-Théâtre de Bordeaux, Florence Mothe écrit :

« La fille mal gardée » est une œuvre antérieure à cette période. Elle fût crée en 1786. Wladimir Skouratoff l’a restituée dans une atmosphère d’époque. C’est pourquoi il ne faudra pas s’étonner, par exemple, que Sylviane Bayard, danseuse de l’Opéra de Zurich, qui incarne Lise, ne fait pas des pointes. Les pointes, on le sait, n’étaient pas inventées au XVIII siècle.

(…) On sait que ce ballet, qui est un des derniers du XVIII siècle à figurer encore au répertoire, a la particularité d’avoir été créé à Bordeaux, où Jacques Dauverbal et son épouse étaient respectivement maître de ballet et danseuse étoile lors de la création du Grand-Théâtre.

“La fille mal gardée” (programme)

 

"La fille mal gardée" (distribution)

Et le 17 mars 1986 (S.O.), Florence Mothe écrit :

(…) Les emplois de « La fille mal gardée » ne sont pas simples à assurer. Comme dans le « Devin du village », les personnages tournent vite à la niaiserie. D’entre tous, le bouffon est le plus redoutable. Ce rôle, tenu naguère par André Mediavilla, a permis de découvrir Fabrice Mineau, remarquable. Mineau, plein d’humour, de hardiesse et de pitrerie.

(…) Wladimir Skouratoff a imaginé, dans la scène du mariage, de faire danser M.Milon, tabellion. C’est l’acte ministériel le plus drôle qui ait jamais été dressé.

Le chorégraphe avec F.Mineau et F.Delorme (photo P.Delorme)

 

Fabrice Mineau et Sylviane Bayard (photo P.Delorme)

 

Le corps de ballet (photo P.Delorme)

 

Maryse Dumas (la mère) (photo P.Delorme)

Sur la création de « Pierre et le loup » le 12 avril 1986, aux Entrepôts Lainé, on écrit dans Sud-Ouest :

(…) Au même programme, Wladimir Skouratoff a donné une nouvelle version de « Pierre et le loup » de Prokofiev, dans des costumes d’Henri Delannoy et des décors de Jean Gassian.

(…) Cette nouvelle conception de « Pierre et le loup » a été entièrement faite pour le décor superbe de l’entrepôt Lainé.

“Pierre et le loup” (programme)

Le 18 avril 1986, l’opéra « Les pêcheurs de perles » de Georges Bizet est présenté au Grand-Théatre, la chorégraphie étant de Wladimir Skouratoff.

Le 15 juillet 1986 à Vichy, la troupe de Bordeaux donne un Gala exceptionnel, « La danse d’hier et d’aujourd’hui », composé par les ballets « Passion » de Dumont et les Divertissements du 3ème. Acte de « La belle au bois dormant » de Tchaikowski.

La troupe de Bordeaux à Vichy en 1986

Le 29 juillet 1986 « Casse-Noisette » à Vichy avec Sylviane Bayard, Cyril Atanasoff et la Compagnie de Bordeaux :

Bayard, Atanasoff et le corps de ballet de « Casse-Noisette » (photo F.Mineau)

Le 12 août 1986, toujours au Théâtre Casino de Vichy, « Giselle » d’ Adam, avec Noëlla Pontois, Jean-Charles Gil, Pierre Lacour, Maryse Dumas, Christian Lemasson et la troupe de Bordeaux.

Les opérettes « Rose Marie » (Friml-Stohart)et « Ciboulette » (Hahn) sont annoncés par le Grand-Théâtre pour le 4 octobre et 22 novembre 1986, chorégraphie Wladimir Skouratoff.


CENDRILLON

Le 25 octobre 1986 on peut lire dans Sud-Ouest :

Avec « Cendrillon », la Compagnie de ballet du Grand-Théâtre va reprendre ce soir samedi et dimanche une production vieille de cinq ans. Wladimir Skouratoff avoue une particulière tendresse pour le ballet en trois actes de Sergei Prokofiev dont il aime le lyrisme et l’humour. En effet, c’est en héritier des ballets russes que le chorégraphe de la Compagnie du G.T.B. a monté ce « Cendrillon ».

La partition est bouffonne, presque burlesque. Prokofiev s’amuse au pastiche : que ce soit celui du bal classique, dans lequel il singe Tchaikowski ; que ce soit dans le dessin des personnages ou du Prince Charmant quand il va vers Roméo. Selon Wladimir Skouratoff, le pastiche est indissociable de l’âme russe et plus encore de l’inspiration de Prokofiev. Il rappelle qu’il écrivit la « Symphonie classique » pour faire la nique à Mozart et à Haydn

« Cendrillon » s’inscrit dans cette même perspective, avec en outre un appétit bien particulier que les Russes ont gardé pour les contes de fées. Wladimir Skouratoff s’est attaché à définir plus précisément les personnages.

“Cendrillon” (programme)

Le 27 octobre 1986 (S.O.) Florence Mothe écrit :

L’héroïne du conte de Perrault inspire décidément les chorégraphes. Présente sur la scène de l’Opéra de Paris, elle l’était également pour deux ravissants spectacles dans la mise en espace de Wladimir Skouratoff, sur celle du Grand-Théâtre de Bordeaux. La Cendrillon de Skouratoff arrive de Moscou comme le fit celle de Prokofiev en 1945.

(…) Le plus remarquable dans cette version du ballet de Prokofiev est, incontestablement, que tous les sujets de la troupe du Grand-Théâtre, ont leur pas à faire, leur mot à dire.

(…) On n’en finirait pas de citer tous ceux qui, composant des petits rôles, donnent à Cendrillon cette remarquable présence et cette vérité que les décors de Jean Gassian et les costumes exquis d’Henri Delannoy ne font que souligner.

Conte de fées ce spectacle l’est vraiment, ne serait ce que parce qu’il respecte le merveilleux de Perrault, ses cache-cache, ses trompe l’œil, son rêve et surtout cette conception classique du ballet qui fait du tutu une expression chorégraphique inépuisablement contemporain.

Le salut après « Cendrillon » (photo H.Delannoy)

L’ANNEE 1987

Le 2 mars 1987 (S.O.), Florence Mothe écrit :

Wladimir Skouratoff a choisi dix danseurs et dix danseuses, donc une équipe super légère pour les quatre ballets qui seront créés en compagnie de l’Ensemble instrumental de saxophones de Jean-Marie Londeix, le 5 mars, à Saint Médard–en-Jalles. (…) Londeix a trouvé une nouvelle version de la suite de « L’Arlesienne ». Wladimir Skouratoff en a profité pour mettre la
« fameuse » sur scène. Elle s’appelle Eugènie Bourbon.(…) Le fait que « L’Arlesienne » ait disparu depuis longtemps ne trouble pas outre mesure Wladimir Skouratoff, qui, à travers des pas de trois, des pas de quatre et des pas de six, a réglé un ballet académique dans lequel l’héroïne d’Alphonse Daudet se souvient de ses amours, de ses aventures et de ses souffrances. « Pour moi », explique Skouratoff, « elle est entre « Giselle » et « La fille mal gardée ».

Catherine Debray écrit le 6 mars 1987 (S.O.) :

Les quatre petits ballets que présentait hier soir, au C.A.C. de Saint Médard, la Compagnie du Grand-Théâtre de Bordeaux, laissent sur les lèvres un petit goût de sucre d’orge.

Un rien sucré, sans faute de ton, joli à croquer.

Pour concocter ces gourmandises à la composition irréprochable, Wladimir Skouratoff avait malaxé à sa façon une kyrielle d’ingrédients savamment dosés : légèreté, sérieux, sobriété désarmante, saupoudré d’un zeste d’humour bien assaisonné. Que dire sinon que le maître de ballet et ses danseurs cultivent l’amour du travail bien fait, sans se priver d’épousseter d’un revers de chausson un académisme parfois pesant.

“Les noces de Figaro”, opéra de Mozart est annoncé dans Sud-Ouest pour le 22 et 29 mars 1987, mise-en-scène de Gerard Boireau, chorégraphie de Wladimir Skouratoff.

Le 26 mars 1987 (S.O.), Florence Mothe écrit sur le Gala au Théâtre Fémina du 27 mars :

(…) Le jeune ballet d’Aquitaine participe d’ailleurs à la soirée en compagnie des danseurs du Grand-Théâtre de Bordeaux et du Capitole de Toulouse…Le grand Wladimir Skouratoff a réglé un Pas de six sur une musique de Verdi. Le Capitole de Toulouse s’est inspiré du bandonéoniste Astor Piazzola.


ROMEO ET JULIETTE

Le 3 avril 1987, (S.O.) Florence Mothe écrit:

Verone en superproduction

La version Prokofiev de l’idylle tragique, vue par le chorégraphe Wladimir Skouratoff, sera redonnée, samedi et dimanche, à l’Entrepôt Lainé –

(…) La tragédie des amants de Verone a inspiré maints chorégraphes. C’est cependant la version Prokofiev, fiévreuse et sauvage, qui a prévalu aux yeux de Wladimir Skouratoff. Version fétiche en quelque sorte puisqu’elle avait servi au baptême de l’entrepôt Lainé, où le chorégraphe la remonte avec un bonheur aussi vif. On comprend d’ailleurs qu’il se soit attaché à une résurrection précise, le lieu dictant en quelque sorte la mise-en-scène de l’ouvrage.

(…) Selon Wladimir Skouratoff « Prokofiev la rend plus vivante et plus touchante que tous les autres musiciens, y compris Berlioz et Tchaikowski. » Mais à condition, souligne-t-il, que les personnages soient vrais et crédibles.

(…) ce Roméo et Juliette répresente une lourde production. Wladimir Skouratoff n’a lésiné ni sur le figurant ni sur l’escrimeur. La galerie de Lainé est utilisée pour les duels, la scène du balcon. Du plafond, descend le Christ qui symbolise la cellule de frère Laurent. Grâce au plateau de 13 mètres sur 10, Skouratoff a pu traiter le bal en grand. C’est même la scène la plus imposante du spectacle, avec ses pompeux costumes Renaissance, spécialement prêtés par l’Opéra de Paris, d’où vient toute la production.

« Dans la partition », explique Skouratoff, « Prokofiev baptise cette séquence « Bal des chevaliers ». Cela veut dire qu’elle doit être traitée avec style, noblesse et grandeur, par opposition aux scènes de rues très débridées. »

A noter également que les tableaux s’enchaîneront.C’est donc un spectacle sans entracte, avec pour principal décor la pièce éclairée que découvriront les spectateurs. Ils ne doivent pas se laisser dérouter par l’ironie qui soustend le ballet.

Wladimir Skouratoff explique que « l’ironie est toujours présente chez Prokofiev, qui n’hésite pas à typer ses personnages à travers un instrument de musique. Ainsi, Mercutio et la nourrice, répresentée par un basson et dans l’incarnation de laquelle Maryse Dumas trouvera un de ces personnages de caractère à la traduction desquels elle excelle. »

“Roméo et Juliette” (programme) (photo V.Olivar)

 

Yannick Stéphant (Juliette) et Frédéric Olivieri (Roméo) à l’Entrepôt Lainé (photos V.Olivar)

 

Le duel de Roméo et Thybalt (photo V.Olivar)

 

Le corps de ballet (photo V.Olivar)

 

Répétition de Roméo et Juliette à l’entrepôt Lainé : Wladimir Skouratoff, Yannick Stephant,
Frederic Olivieri et le corps de ballet (photos V.Olivar)

 

Jannick Stéphant (Juliette), Frédéric Olivieri (Roméo), Thierry Véziès (Tybalt),
Frédéric Fernandès (Mercutio) et le corps de ballet en « Roméo et Juliette » (photos V.Olivar)

Le 6 avril 1987 (S.O.), Florence Mothe écrit :

(…) Le mérite de la version donnée par Wladimir Skouratoff à l’entrepôt Lainé est d’avoir évité le verbiage. Efficace, direct, le ballet répond à la musique parfois rude de Prokofiev et emprunte parfois le même langage quasi-militaire.

Les meilleurs moments me semblent être, en effet, les deux duels Roméo-Tybalt et Tybalt-Mercutio (…) Conçue pour l’entrepôt Lainé, la chorégraphie épouse pleinement l’architecture toute à la fois italianisante et piranésienne. Wladimir Skouratoff a rénoncé, au cours des répétitions, à l’intrusion musclée de cascadeurs professionnels, qui ruinaient par la crudité de leurs gestes, le caractère lyrique de l’ensemble.

L’opérette « Mediterranée » de Francis Lopez, est représentée le 6 juin 1987 au Grand-Théâtre.

L’opérette « La fille du tambour major » d’Offenbach, le 17 octobre 1987, chorégraphies de Wladimir Skouratoff.

Le 6 novembre 1987 le Grand-Théâtre présente l’opéra « Nabucco » de Verdi dont Wladimir Skouratoff assure la chorégraphie.

Le 5 décembre 1987, « Lac des cygnes » (Tchaikowski) est répresenté avec les étoiles Isabelle Guérin et Laurent Hilaire :

“Lac des cygnes” 1987 (programme)

L’ANNEE 1988

Les opérettes répresentées au Grand-Théâtre avec la chorégraphie de Wladimir Skouratoff dont pour le premier semestre :

« Le pays du sourire » ( Lehar) 8 janvier 1988
« Les cloches de Corneville » (Planquette) 6 février 1988
« Les 28 jours de Clairette » (Roger) 18 mars 1988
« La belle de Cadiz » (Lopez) 4 juin 1988

Le 16 janvier 1988, Spectacle de Ballets à la Salle Jacques Thibaud:

Spectacle Ballets 1988 (programme)

Le 21 janvier 1988, lors d’un Spectacle de Ballets à l’Ermitage, avec les étoiles Cyril Atanasoff et Noëlla Pontois, on a dansé les chorégraphies de Wladimir Skouratoff : « Dessins pour les huit » (extraites de la symphonie 29 de Mozart, (création) et « La Valse » de Maurice Ravel, crée par Skouratoff en 1987 à Bergerac, pour l’Hommage à Ravel en Aquitaine.

Noëlla Pontois et Cyril Atanasoff (photo Sud-Ouest)

Le 20 février 1988 on présente au Grand-Théâtre « Les créatures de Prométhée » (Beethoven) et « Songe d’une nuit d’été » (Mendelsohn).

Spectacle de ballets (programme 1)

 

Spectacle de ballets (programme 2)

Florence Mothe écrit dans Sud-Ouest :

(…) Wladimir Skouratoff raconte, sur la musique de Beethoven, l’histoire du héros mythologique qui a volé la lumière pour aimer ses Créatures. Il leur donne la vie, mais demeure impuissant à leur conférer l’esprit. Il lui faut demander l’aide d’Apollon mais, dès lors que les Créatures ont opté par le statut humain, elles découvrent la mort et le trépas inéluctable.

Wladimir Skouratoff a également signé une autre chorégraphie sur le « Songe d’une nuit d’été » qui est un grand divertissement classique.

Patrick Giraudon en “Prométhée” (photo P.Delorme)

 

Les créatures de Prométhée (photo P.Delorme)

 

Le salut après « Prométhée » (photo P.Delorme)

Le 19 mai 1988, Florence Mothe écrit dans Sud-Ouest sur le Troisième Concours International de Danse Classique de la Ville de Bordeaux :

(…) la durée du stage qui sera couronné samedi 21 mai, par un Gala de clôture qui présentera une création de Wladimir Skouratoff sur la « Suite de Carmen » de Bizet, avec le concours de Florence Clerc et Charles Jude, tous deux danseurs étoiles de l’Opéra de Paris.

Florence Clerc et Charles Jude en “Giselle”

Le 26 novembre 1988, reprise de « La fille mal gardée » au G.T.B. :

“La fille mal gardée” (programme)

Florence Mothe écrit le 26 novembre 1988 (S.O.) :

(…) un charmant chef d’œuvre, « La fille mal gardée », Wladimir Skouratoff le ressuscite pour le bicentenaire et pour deux représentations, ce soir et demain, au Grand-Théâtre, c’est-à-dire, sur les lieux mêmes de sa création en 1789.

(…) Wladimir Skouratoff a préferé lui aussi l’adaptation légère à la reconstitution historique scrupuleuse. Les demi-pointes, les gestes peu appuyés apportent la touche stylistique du XVIIIème siècle. La grâce et la légèreté de la chorégraphie – en particulier le traitement des ensembles – soulignent l’habilité et la cohérence de la compagnie. La danse des rubans est un moment particulièrement heureux.

(…) à la lisière du mime et du demi-caractère, il fait vivre et évoluer tout un petit peuple chorégraphique, qui triomphe entourant Maryse Dumas dans la fameuse danse des sabots. (…) Bref, tout, y compris la charmante gaucherie de Fabrice Mineau, concourt à ce que ce ballet soit une véritable bolée d’eau fraîche.

Le 4 décembre 1988 « La Veuve joyeuse » (Lehar) est présentée au G.T.B., avec la chorégraphie de Wladimir Skouratoff


L’ANNEE 1989

Le 19 janvier 1989, le Grand-Théâtre présente les chorégraphies de Wladimir Skouratoff dans la « Symphonie en ut » de Bizet et les « Divertissements » sur musique d’Adam.

Le 17 février 1989 reprise de « La belle au bois dormant »

“La belle au bois dormant” (programme)

Sur laquelle Florence Mothe écrit dans Sud-Ouest « l’art de Wladimir Skouratoff a été d’unir dans sa chorégraphie, le lyrisme français et la fougue des ballets russes. Il a su imposer cette double exigence à la compagnie du Grand-Théâtre… »

Pontois et Derevianko (photo P.Delorme)

 

Wladimir Skouratoff à la répétition (photo F.Mineau)

 

Noëlla Pontois (Aurore) (photo P.Delorme)

Les personnages de “La belle au bois dormant” d’après les dessins de costumes d’Henry Delannoy:

Princesse Aurore

 

Le Prince Charmant

 

Princesse Florine

 

Le chat botté

 

La Fée Automne

 

Florestan

Le 17 mars 1989 le Grand-Théâtre produit « Coups de Roulis » de Messager, chorégraphie de Wladimir Skouratoff.

Les opéras données au G.T.B. en 1989 avec des choregraphies de Wladimir Skouratoff ont été : « Don Giovanni » de Mozart le 3 mars ; « Don Quichotte » de Massenet le 7 avril à Lyon et
« Manon » aussi de Massenett le 23 mars.

Le 29 juin 1989, on annonce pour les fêtes du bicentenaire de la révolution, la reprise de « La fille mal gardée » le 1er et 14 juillet 1989, au Grand-Théâtre de Bordeaux :

“La fille mal gardée” (programme)

Les opérettes « Le chanteur de Mexico », « Trois valses » et « Les saltimbanques » sont annoncés pour les mois d’Octobre, Novembre et Décembre 1989, chorégraphies de Wladimir Skouratoff.

Lors d’un double Hommage pour Henri Sauguet et Serge Lifar, le 11 décembre 1989 on présente au Théâtre Femina, les reprises de Wladimir Skouratoff des ballets « Les Forains » et « Aubade », avec les étoiles de l’Opéra de Paris Elisabeth Maurin et Manuel Legris.

L’ANNEE 1990

En répétant à Biarritz (photo Atomic-Biarritz)

Le 23 mars 1990 le Grand-Théâtre présente, avec une chorégraphie de Wladimir Skouratoff, l’opéra « Manon » de Massenet.

Le 6 avril 1990, à l’Ermitage-Compostelle du Bouscat, on présente « Quand la vie parisienne mène la ronde », une œuvre musicale de Claude Milon, dont le cancan final est réglé par Wladimir Skouratoff.

Dans un article publié le 7 avril 1990 dans Sud Ouest, on lit :

Le florilège de Skouratoff
Le Grand-Théâtre propose un spectacle de ballet en hommage à Wladimir Skouratoff par de grands noms de la danse.

(…) Noëlla Pontois, dont on n’a plus à vanter la grâce et l’élégance, ainsi que le véloce Wladimir Derevianko, interpréteront le Pas de deux (de « La belle au bois dormant ») de Tchaikowski, et aussi celui de « Don Quichotte » de Minkus. C’est la partition du même Tchaikowski, « Roméo et Juliette » qui a inspiré Wladimir Skouratoff, afin de reprendre la chorégraphie de son maître Serge Lifar, qui sera interprétée par Sophie Marquet et Philippe Anota.

(…) « La Valse » de Ravel, une Symphonie de Haydn et le « Waterfront » de Bernstein témoigneront de la multiplicité des talents de la Compagnie de Ballet du Grand-Théâtre de Bordeaux.

Ce spectacle, qui est le dernier présenté par Wladimir Skouratoff , doit également être vu comme un florilège de son style et comme un hommage bien naturel à ses créations.

Le 13 avril 1990 (S.O.) Florence Mothe écrit :

La dernière valse de Volodia
Pour les affiches, il était Skouratoff. Pour les amis, il restait Volodia.

Wladimir Skouratoff a présenté au Grand-Théâtre son dernier spectacle formé d’un bouquet de ballets remplaçant « La belle au bois dormant », initialement prévue, que le chorégraphe espérait pouvoir donner avec une compagnie à plein effectif. Or, six ballerines étant souffrantes, c’est la forme d’un florilège qu’a pris cette manière d’au revoir.

Bordeaux n’a probablement jamais compris qui était Wladimir Skouratoff. Lancé en 1946 par Serge Lifar à Monte-Carlo, il fut le partenaire attitré de cette Renée Jeanmaire qui ne s’était pas encore baptisée Zizi. En 1952, il rejoignait la compagnie du marquis de Cuevas et créait, entre autres, avec elle, « Piège de lumière ».

Puis, après avoir incarné l’exemple parfait du cavalier romantique, il s’établissait à Bordeaux, ayant pour famille sa mère demeurée fabuleusement russe et sa compagnie de ballets.

De Lifar, Volodia avait hérité beaucoup de chorégraphies. Il conservait jalousement la tradition du maître, n’omettant jamais de rappeler que le ballet passe ainsi de génération en génération et qu’on n’apprend pas à danser dans les livres. Ce que Lifar lui avait enseigné c’est que la danse peut être une mystique et une affaire d’hommes, non un divertissement pour gamins chatouillés.

Samedi, Volodia a offert en quelque sorte son ballet imaginaire. Il a montré dans « Symphonie » la rigueur technique de sa troupe qu’il transmet à Paolo Bortoluzzi. (Pour en faire une compagnie internationale qui obtiendra davantage de danseurs et de répétiteurs).Il s’est laissé porter à l’allégresse en programmant les Danses Slaves très joliment brodées sur « Dvorak », et à un instant de nostalgie en réglant « Roméo et Juliette ».

« Dommage, expliquait Wladimir Skouratoff, que je n’aie pu répéter plus longuement avec Sophie Marquet et Philippe Anota, car je leur aurais montré la version de Lifar dans ses plus petits détails. »

(*) au même spectacle, Noëlla Pontois et Wladimir Derevianko, « venus en amis rendre hommage à Volodia » ont dansé le pas de deux de « Raymonda ».

Le 9 août 1990, on annonce la présentation au lac de la Magdeleine à Gujan-Mestras de l’opéra « Faust » de Gounod. « Le ballet de Faust sera dansé par la compagnie de Wladimir Skouratoff qui a entraîné dans sa troupe des danseurs locaux, et par Philippe Anota et Sophie Marquet, du ballet de l’Opéra de Stuttgart. »

Au Conservatoire de Mérignac

On lit dans un article du 3 décembre 1990 (S.O.):

Classe de préparation à la scène » au Conservatoire de Mérignac :

(…) Deux fois par mois, Wladimir Skouratoff, le maître de ballet, transmet son savoir, ses idées, préparant ses élèves à un « bagage culturel » pour la scène.

(…) On constate aussi que la danse classique est dans une période de recherche « à la page des influences artistiques ». « Le public attend aujourd’hui du ballet quelque chose où il se retrouve », précise Wladimir Skouratoff.

(…) Français d’origine russe, Wladimir Skouratoff vient de la fresque légendaire représentant l’âge d’or de la danse. Il a figuré parmi les plus grands avec pour partenaires Janine Charrat, Zizi Jeanmaire, Ludmilla Tcherina, Yvette Chauviré. Il commence des études de piano et fut musicien avant d’être danseur. Il apprendra que la danse n’est pas simplement affaire de technique mais nécessite aussi une haute culture.

En 1947, Serge Lifar l’engage à Monte-Carlo pour des prestigieux ballets. Puis ce sera Londres, en 1950, avant de faire partie des Ballets de Paris de Roland Petit. Au cours de cette même année, il est invité à la Scala de Milan, au Mai Musical de Florence et à la Fenice de Venise.

En 1952, il rejoint le marquis de Cuevas, effectuant des tournées pendant huit ans dans les plus grands théâtres mondiaux.

A partir 1963, il commence sa carrière de maître de ballet au Grand-Théâtre de Genève. En 1966 il est à Strasbourg, et à Bordeaux depuis 1970.

Une grande expérience de très haut niveau au service des élèves du Conservatoire municipal de Mérignac – filles bien sûr, mais aussi garçons dont le nombre est encore très restreint.

En répétant « Roméo et Juliette » (photo P.Delorme)

Et ainsi, la grande période de Wladimir Skouratoff comme maître de ballet et chorégraphe du Grand-Théâtre de Bordeaux pendant 20 ans, se conclue.

Pour paraphraser Florence Mothe dans son article du 13 avril 1990, « Bordeaux n’a probablement jamais compris qui était Wladimir Skouratoff. » La sagesse de cette pensée nous évite de faire un autre commentaire, qui d’ailleurs n’est pas le propos de ces pages.

Nous voulons remercier encore l’inappréciable collaboration de Monique Simonoff, d’Evelyne Mangeard, de Fabienne Delorme, de Fabrice Mineau, de Patrice Delorme, de Christèle Leconte et d’Henry Delannoy, de l’extraordinaire matériel écrit ou graphique qu’ils ont apporté à notre révision historique, et surtout de leur dévouement à la mémoire de Wladimir Skouratoff, que nous partageons.

Amalia Contursi